MONBODDO JAMES BURNET lord (1714-1799)
Juriste écossais, écrivain prolifique en anthropologie et en histoire naturelle, Monboddo s'intéressa beaucoup aux origines de la société et du langage. Il était issu d'une famille noble, pourvue depuis longtemps de la pairie. Un précepteur se chargea d'abord de son éducation, puis il fit ses études classiques à l'université d'Aberdeen. Il partit ensuite pour la Hollande, où il fit des études de droit à l'université de Groningue. De retour à Édimbourg, il devint avocat en 1737, acquérant rapidement la réputation d'un plaideur habile, puis juge à la Cour suprême d'Édimbourg (1767) jusqu'à la fin de sa vie. Il prit tardivement le titre de lord Monboddo, depuis longtemps porté dans sa famille.
Considéré, dans sa vie professionnelle, comme un homme très honnête et de grande valeur, il faisait preuve, dans sa vie privée, dans sa vie sociale et dans ses écrits, d'une extravagance tout à fait inattendue.
Sa profession de juge lui laissant de grandes heures de loisirs, il se passionna pour l'écriture. Mais son style manque de correction, sa pensée de rigueur. Il passe souvent d'un sujet à l'autre. Il eut cependant un succès relativement important dans l'Angleterre du xviiie siècle avec ses deux ouvrages : De l'origine et des progrès du langage (Of the Origin and Progress of Language, 6 vol., 1773-1792) et La Métaphysique ancienne ou la science des universaux (Antient Metaphysics, 6 vol., 1779-1799). Dans ces écrits, Monboddo prend toujours ouvertement le parti des Anciens contre les Modernes. C'est ainsi qu'il veut réhabiliter les philosophes grecs et qu'il condamne les poètes et philosophes modernes, Newton inclus. Quant au langage, sans se préoccuper véritablement de son origine, Monboddo le décrit comme la photographie des mœurs et des idées, et en fait un critère de l'état de la société. Il ne se demande pas si le langage est issu d'une révélation, comme le prétendent les théologiens, mais il en fait un simple fruit de l'expérience et de la réflexion. De l'œuvre de Monboddo restent de quelque intérêt ses références concernant les mœurs et coutumes des peuples primitifs et la manière dont il annonce les théories de Darwin.
Son œuvre principale, Antient Metaphysics, est divisée en deux parties : la première est consacrée à la réfutation de Locke et de Newton ; la seconde est un exposé historique de tous les grands systèmes philosophiques grecs, particulièrement de celui d'Aristote, et témoigne d'une connaissance approfondie de la philosophie ancienne. Dans cet ouvrage, Monboddo décrit aussi l'homme comme s'élevant lui-même de la condition animale à la condition humaine, dans laquelle l'esprit agit indépendamment du corps.
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Écrit par
- Louise LAMBRICHS : maître en philosophie
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