MONROE JAMES (1758-1831)
Né en Virginie dans une famille de notables, James Monroe interrompit ses études au collège William and Mary pour participer à la guerre d'Indépendance au cours de laquelle il fut blessé et nommé capitaine par George Washington. En 1780, il devient l'ami de Thomas Jefferson, auprès duquel il poursuit ses études de droit. À vingt-quatre ans, il est élu à la Chambre des représentants de Virginie, puis, de 1783 à 1786 au Congrès constitutif des États-Unis. En 1790, élu sénateur de Virginie, il est un des principaux orateurs du parti républicain contre les fédéralistes.
Nommé à Paris par George Washington (1794-1796) en raison de sa francophilie, Monroe a pour mission de faire accepter par la Convention puis par le Directoire les négociations en cours entre les États-Unis et la Grande-Bretagne ; le traité Jay (1794) ayant pour but de préserver la neutralité américaine pendant les guerres révolutionnaires, Monroe essaie d'apaiser les craintes des dirigeants français en faisant croire que le Congrès américain ne ratifiera pas ce traité. Rappelé par Washington, il tente de justifier son comportement dans un pamphlet exposant ses Vues sur la conduite de l'exécutif et de la politique étrangère aux États-Unis.
En janvier 1803, Thomas Jefferson le nomme ambassadeur extraordinaire auprès du Consulat pour négocier avec Bonaparte l'acquisition de la Louisiane. Profitant de ce que la France était disposée à vendre l'ensemble du territoire pour des raisons stratégiques, Monroe et Robert Livingston, l'ambassadeur en titre, signent le traité pour le rachat de la Louisiane le 2 mai 1803. Par contre, le succès ne couronne pas ses deux autres missions : en Espagne, où il ne réussit pas à négocier l'achat de la Floride, et en Grande-Bretagne où le traité qu'il signe entre les deux pays est désavoué par le président Jefferson.
Secrétaire d'État sous la présidence de James Madison de 1811 à 1815, il dut à son intransigeance d'assumer simultanément la responsabilité de secrétaire d'État à la Guerre au cours du conflit avec la Grande-Bretagne de 1812 à 1815.
Candidat républicain, Monroe est élu cinquième président des États-Unis en 1816, et réélu presque à l'unanimité en 1820 : ce sera la présidence de l'« ère des bons sentiments ». À l'intérieur, sa présidence se caractérise par un retour au calme politique après une ère de déchirements entre les partis fédéralistes et républicains. Cette politique s'illustre par le Compromis du Missouri (1820) qui tranquillise momentanément les partisans de l'esclavage dans les États du Sud sur le respect de l'équilibre entre États esclavagistes et États non esclavagistes. À l'extérieur, différents traités et conventions inaugurent une politique d'apaisement des relations avec la Grande-Bretagne, la Floride est enfin acquise (1819-1821) et les nouveaux États d'Amérique latine sont reconnus au fur et à mesure de leurs accession à l'indépendance.
Le 2 décembre 1823, le fameux discours dit de « la doctrine de Monroe » expose au monde les grands principes de la politique extérieure des États-Unis : rejet de toute intervention de l'Europe sur le continent américain en contrepartie de l'abstention de la part des États-Unis de toute participation aux querelles entre pays européens. Bien que les principes de cette déclaration doivent être attribués au secrétaire d'État John Quincy Adams, la décision d'en faire une proclamation solennelle revient au président Monroe.
À la fin de son second mandat, il se retirera en Virginie et mourra au cours d'un voyage à New York.
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Écrit par
- Marie-France TOINET : directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
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Média
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