MACDONALD JAMES RAMSAY (1866-1937)
Né dans une famille écossaise pauvre du Morayshire, d'esprit très religieux mais influencé très jeune par Henry George et Henry Mayers Hyndman, James Ramsay MacDonald eut une adolescence difficile. Membre de la Société fabienne dès 1886, il devient l'un des orateurs de la Fédération social-démocrate. Passé au journalisme, poursuivant une formation d'autodidacte, il entre, en 1894, dans l'Independent Labour Party de Keir Hardie et tente vainement sa chance à Southampton aux élections de 1895. Son mariage le fait pénétrer dans le milieu bourgeois et contribue à accentuer ses réserves à l'égard des thèmes de la lutte des classes. Membre de l'exécutif de son parti et de la Société fabienne, il devient secrétaire, en 1900, de la Commission pour la représentation des travailleurs, qui, fédérant syndicats et mouvements socialistes, va être à l'origine directe du Parti travailliste, fondé en 1906 ; de 1901 à 1904, il fait ses premières armes publiques au Conseil de comté de Londres. En 1905, il publie Socialism and Society et y expose sa théorie fameuse sur la société, organisme biologique qu'il convient d'aide à évoluer et à muter, mais qu'on tuerait par des changements trop brutaux.
Il est, en 1906, l'un des vingt-neuf premiers députés travaillistes de l'histoire (pour la circonscription de Leicester). Il s'impose comme le véritable penseur officiel de son parti, publiant Socialism en 1907 et imposant une orientation très modérée. En 1911, il devient président du groupe parlementaire travailliste. Il demeure fidèle aux idées pacifistes qu'il avait professées au temps de la guerre des Boers ; en 1914, il se prononce contre le vote des crédits de guerre et démissionne de sa présidence le 5 août. Tout en souhaitant la victoire de son pays, il ne cessera pas de multiplier les déclarations condamnant l'entrée en guerre elle-même et souhaitant une paix de compromis. Il s'exprime dans le cadre de l'Independent Labour Party (I.L.P.) et de l'Union pour un contrôle démocratique qu'il a contribué à fonder en septembre 1914 et qui se donne pour objet d'étudier les buts de guerre souhaitables. Devenu très impopulaire, il paraît avoir incarné un temps, aux yeux de l'opinion, un véritable défaitisme : mais, bien que cela lui ait valu une défaite personnelle aux élections de 1918, il gagne la confiance ardente d'une minorité de gauche et, après sa réconciliation avec Henderson sur un programme de paix, le respect de l'aile plus modérée du parti. Son anticommunisme décidé lui permet de regagner un siège aux élections de 1922 et la présidence du groupe parlementaire la même année. En janvier 1924, il n'hésite pas à accepter le poste de Premier ministre et à former un gouvernement homogène travailliste, soutenu au Parlement par le groupe libéral : il entend ainsi faire la preuve de la capacité gouvernementale de son parti ; bien qu'empêché de mener une véritable politique socialiste et battu aux élections d'octobre 1924, il aura gagné ce pari et contribué ainsi au déclin désormais inéluctable du Parti libéral ; il aura aussi témoigné de sa clairvoyance en politique étrangère, en reconnaissant l'U.R.S.S. et en concluant avec Édouard Herriot le « protocole de Genève » sur l'arbitrage obligatoire en cas de conflit (qui ne sera jamais ratifié).
En 1929, son parti devient le plus important aux Communes, et MacDonald retrouve son poste de Premier ministre. Cette nouvelle expérience, malgré des mesures sociales avancées en faveur des chômeurs et du logement populaire, s'achève en désastre avec la grande crise financière et économique de 1931. MacDonald n'hésite pas alors à sacrifier l'unité de son parti sur l'autel de ce qu'il estime être le salut public de son pays : il accepte de prendre la tête d'un[...]
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Écrit par
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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Média
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