BERWICK JAMES STUART FITZJAMES duc de (1670-1734)
Fils naturel de Jacques II et d'Arabella Churchill, sœur de Marlborough, James Stuart, duc de Berwick, se consacre au service de la France après avoir tenté d'aider son père à reconquérir la couronne anglaise passée sur la tête de Guillaume de Nassau en 1688. Avec Villars et Vendôme, il est l'un des trois généraux qui préservent la France de l'invasion pendant la guerre de la Succession d'Espagne. Mais il est d'abord le sauveur de la couronne de Philippe V d'Espagne ; celui-ci avait dû fuir Madrid où s'était fait proclamer roi un autre prétendant au trône, l'archiduc Charles, avec le soutien de la Catalogne et du pays de Valence. Berwick rétablit la situation en infligeant aux Alliés une désastreuse défaite à Almansa (25 avr. 1707) et en occupant Valence. De 1709 à 1711, il est chargé de défendre la frontière des Alpes (d'Antibes à Genève) contre le duc de Savoie. Après une longue reconnaissance de terrain, Berwick détermine une stratégie originale pour défendre efficacement, en ménageant les troupes, « plus de soixante lieues au travers des Alpes » : « Je me fis l'idée d'une ligne dont le centre avançait et la droite et la gauche étaient en arrière, en sorte que je faisais toujours la corde et que les ennemis nécessairement faisaient l'arc... Je pris Briançon pour le point fixe de ce centre où devait être le gros de mes troupes et d'où je devais les faire filer sur la droite ou sur la gauche, selon les mouvements de l'ennemi. » Cette méthode, dite des navettes, nécessitait une bonne organisation du terrain (forts d'arrêt) et la construction de routes à laquelle travaillèrent soldats et paysans. Pendant deux ans, grâce à cette campagne des navettes, Berwick parvient à préserver de l'invasion le Dauphiné et la Provence, tout en se permettant de renvoyer des troupes pour la défense de la frontière du Nord. Après être retourné en Espagne, pour mater la révolte de Barcelone, il en entreprit le siège en 1714 ; ce siège annonce, par son acharnement, celui de Saragosse un siècle plus tard.
Lorsque la guerre de Succession de Pologne s'ouvre en 1733, Berwick reçoit le commandement de l'armée du Rhin et assiège Philippsburg. Le 12 juin 1734, il a la tête emportée par un boulet alors qu'il surveillait les travaux de tranchée. Il avait soixante-quatre ans et précédait de cinq jours dans la mort son aîné et rival Villars.
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Écrit par
- Jean DELMAS : docteur habilité à la recherche, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, ancien chef du service historique de l'Armée de terre
Classification
Autres références
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LOUIS XIV (1638-1715) roi de France (1643-1715)
- Écrit par Victor-Lucien TAPIÉ
- 10 435 mots
- 10 médias
...à cause de l'extraordinaire chaos du gouvernement de l'Espagne. L'armée française (200 000 hommes) possédait encore de bons chefs : Villars, Vendôme, Berwick, à côté de très médiocres, tels Villeroy, La Feuillade, Marcin, mais elle se montra bien inférieure à ce qu'elle avait été, par la moindre qualité...