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VAN DER ZEE JAMES (1886-1983)

Le photographe James Van der Zee appartient à la génération de Marcus Gravey — ce dernier animait un mouvement de retour à l'Afrique dont il fut le photographe officiel —, du poète Countee Cullen, du pianiste James P. Johnson et de Duke Ellington. Il est l'un des acteurs de la décennie 1919-1929, baptisée « Harlem Renaissance », durant laquelle les Noirs de New York commencèrent à s'exprimer, à sortir de leur ghetto et à revendiquer une culture propre. Mieux, à travers son long travail de photographe dans son studio de Harlem, il est le chroniqueur, et désormais la mémoire, de l'une des communautés ethniques les plus importantes de New York.

Né à Lenox, dans le Massachusetts, de parents domestiques dans une famille riche, il y passe son adolescence, suivant les cours de l'école publique et apprenant également la musique. Il commence à s'intéresser à la photographie en 1900. Lorsqu'il rejoint New York, où il se marie en 1906, il fait un peu tous les métiers, liftier, garçon d'étage, serveur de restaurant, gardien, poinçonneur d'autobus, etc. Il peint, écrit, joue de la musique avec quelques orchestres avant d'ouvrir en 1916 son propre studio, à Harlem, dans la 135e Rue. C'est là qu'il réalisera l'essentiel de son travail photographique, presque exclusivement consacré à la communauté noire de Harlem dans la vie quotidienne, s'attachant tout particulièrement aux fêtes familiales, mariages et baptêmes, ainsi qu'aux divers rites sociaux. Son livre consacré à la morgue de Harlem, étonnant ensemble de photographies, parfois de photomontages, souvent de surimpressions, est la parfaite démonstration du caractère sentimental et romantique de cet auteur.

Van der Zee faisait toujours poser ses modèles, tant dans les nombreux portraits de studio — qu'il réalisa souvent à la commande — que dans ses « reportages » sur les grands dîners, les églises, les loges maçonniques, les clubs sportifs. Il manifestait un goût prononcé pour les groupes, les relations entre individus, qu'il traduit par des cadragesnets. Chroniqueur ou mémorialiste plus que reporter, Van der Zee laisse un grand nombre de portraits qui constituent le premier ensemble complet sur la communauté noire de New York, d'autant plus intéressant, au-delà de son aspect documentaire, qu'il manifeste, vu de l'intérieur, le souci de dignité et la soif de reconnaissance de toute une population. Par la simplicité de son approche, par ses liens avec ses modèles, Van der Zee a réalisé un émouvant panorama d'un groupe ethnique et social qui commençait à refuser son statut en s'interrogeant sur son histoire et sa culture.

Devenu un mythe pour la communauté de Harlem, Van der Zee continua son travail dans son studio jusqu'en 1969 sans que la profession photographique, ni les magazines — qui envoyaient pourtant plus d'un reporter dans les quartiers noirs, réputés dangereux, de la ville — s'intéressent à lui. Ce n'est qu'à l'occasion de l'exposition Harlem on My Mind, au Metropolitan Museum of Art de New York, dont il avait réalisé la plupart desœuvres, qu'il fut connu et reconnu. Avant sa mort, en juin 1983, il légua son œuvre à une fondation gérée par le musée qui l'avait fait connaître.

Premier photographe noir américain, James Van der Zee ouvrait la voie à quelques-uns des membres de sa communauté, comme Roy DeCarava, qui comptent parmi les grands photographes contemporains.

— Christian CAUJOLLE

Bibliographie

K. Mercer, James Van der Zee, trad. de l'anglais par P. Haas, coll 55, Phaidon, Paris, 2003

J. Van der Zee, New York, Morgan & Morgan, Dobbs Ferry, New York, 1973 ; The Harlem Book of the Dead, Préface de T. Morrison, ibid., 1978 ; Harlem on My Mind : Cultural Capital of Black America, 1900-1968, catalogue, Metropolitan Museum[...]

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