MORSZTYN JAN ANDRZEJ (1613-1693)
Considéré souvent comme le meilleur poète baroque polonais, Morsztyn n'en est peut-être pas le représentant le plus typique. Son originalité naît de la rencontre d'une rare maîtrise verbale avec une imagination extrêmement concrète, vivace, violente, anarchique même : traits propres à la civilisation nobiliaire des « Sarmates » du xviie siècle. Si le lyrisme de Morsztyn semble essentiellement marqué par le baroque italien, le poète amorce vers 1650 une double évolution, politique et littéraire, qui fait de lui, à la fois, un précurseur du classicisme et un agent de Louis XIV en Pologne. Grand seigneur passablement cynique, poète aussi délicat qu'éblouissant, il réussit ce tour de force : porter le baroque de cour à son plus haut raffinement et – quelques années plus tard – indiquer la manière de le dépasser.
Un homme d'action
Jan Andrzej Morsztyn naît près de Cracovie, en Petite Pologne, dans une famille de noblesse assez récente, qui se distingue par ses dons littéraires – trois de ses parents, Hieronim, Zbigniew, Stanislaw, étaient des poètes de valeur. Il étudie aux Pays-Bas, voyage en Belgique, en Allemagne, en France, en Italie. De retour, il se fixe à la cour des Tŗezyński, centre artistique éminent. Il commence une carrière politique en 1645, accompagnant à Paris Krzysztof Opaliński, chargé de ramener en Pologne Marie de Gonzague, future épouse des rois Ladislav IV et Jean II Casimir. Ambassadeur en Suède, à Vienne et à Francfort, il signe au nom de la Pologne le traité d'Oliwa (1660). En 1659, il épouse Katarzyna Gordon de Huntiley, dame d'honneur de la reine. Nommé grand trésorier, il rassemble d'immenses richesses. Après l'abdication de Jean Casimir, il s'efforce de faire élire roi le prince de Condé. Pendant les règnes de Michal Wiśniowiecki et de Jan III Sobieski, il devient le chef du parti français en Pologne. En 1667 et 1679, il est envoyé en ambassade à la cour de Louis XIV qui lui sert une pension ; en 1680, il obtient la charge de secrétaire du roi et achète un domaine en Champagne. Accusé de trahison par Sobieski, il quitte la Pologne en 1683 et s'établit en France sous le nom de comte de Châteauvillain. C'est dans le village de ce nom qu'il mourut.
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Écrit par
- Jón BLONSKI : professeur à l'université de Cracovie
Classification
Autres références
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POLOGNE
- Écrit par Jean BOURRILLY , Encyclopædia Universalis , Georges LANGROD , Michel LARAN , Marie-Claude MAUREL , Georges MOND , Jean-Yves POTEL et Hélène WLODARCZYK
- 44 233 mots
- 27 médias
...naissance à une littérature remarquablement abondante, dominée par la poésie. L'enrichissement du lyrisme dont témoigne l'œuvre d'Andrzej Morsztyn (1613-1693), représentant du maniérisme raffiné, est illustré par le jésuite Maciej Sarbiewski (1595-1640), l'« Horace chrétien » (...