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DIBBETS JAN (1941- )

L'artiste Jan Dibbets, né en 1941 à Weert, aux Pays-Bas, appartient à la génération des peintres-photographes qui, à la fin des années 1960, estiment que la peinture dans laquelle ils se sont engagés conduit à une impasse. Ils se tournent alors vers la photographie, medium qui répond mieux aux exigences de la sensibilité contemporaine. Moyen, mais non fin en soi, la photographie apparaît comme l'instrument idéal pour élargir le champ d'investigation de l'art. Jan Dibbets s'inscrit dans la lignée de la tradition hollandaise, celle d'un Vermeer, d'un Saenredam, ou d'un Mondrian : le paysage, le travail sur le motif, la représentation à travers la perspective, le cadrage, la notion de point de vue, tels vont être les grands axes de sa démarche.

Les Corrections de perspective (1967-1968) sont les premiers travaux connus de Jan Dibbets. Des figures géométriques (trapèzes, carrés, rectangles) sont tracées au sol (herbe ou plancher) et sont photographiées de manière à être vues en plan et non en perspective : Perspective Correction Rectangle with 1 Diagonal (1967). Viennent ensuite les travaux séquentiels : juxtaposition de plans photographiques successifs. Ainsi la série des Panoramas : des paysages, surtout des bords de mer, sont photographiés avec un appareil qui à chaque fois pivote de quelques degrés sur un axe fixe. Les photographies (noir et blanc ou en couleurs) sont ensuite assemblées côte à côte, selon une droite ou une courbe, avec le dessin des angles de visée. Dibbets les appelle ironiquement les Dutch Mountains, en raison de l'effet vallonné et sinueux obtenu : Panorama DutchMountain/Sea, II, A (1971) ou Comet Horizon 60-720 (1973).

À partir de 1974, le travail de Dibbets perd son caractère analytique et conceptuel pour devenir plus sensible et plus plastique. Prendre plaisir à voir et à montrer importe plus que démontrer. C'est la série des Structure Pieces, dont font partie les études sur les reflets aquatiques, hommage aux Nymphéas de Monet : Monet' Dream Study (1975). Exemplaires apparaissent aussi les Colour Studies de 1976, études de reflets et de couleurs sur des carrosseries d'automobiles. Les Structure Panoramas de 1977 reprennent le principe des premiers panoramas, les dallages et pavés remplaçant les rivages, et annoncent les œuvres où Dibbets mélange photo et peinture et dont un exemple achevé est la suite Saenredam-Sénanque 1980-1981 (présentée en 1982 à l'abbaye de Sénanque). Des photographies d'éléments architecturaux de l'abbaye (colonnes, arcs, chapiteaux, etc.) sont présentées en vue circulaire de 360 degrés et sur un fond de peinture de la même tonalité que celle des photographies. Il n'y a plus de points de repère, les lignes de construction disparaissent dans la matière picturale, seule subsiste une représentation tourbillonnante où les points de fuite se multiplient à l'infini. La pseudo-objectivité de la vision photographique est bannie au profit d'une construction sensuelle et lyrique.

Dibbets, qui expose régulièrement en France (galerie Lelong, Paris, en 1989, et en 1991 au palais de Tōkyō), reçoit deux importantes commandes publiques. La première, L'Hommage à Arago, commande conjointe de l'État et de la Ville de Paris (1994), est un parcours à travers Paris ; du nord au sud de la ville, 135 médaillons en bronze fixés au sol le long du méridien étudié au début du xixe siècle par François Arago. « Un monument imaginaire réalisé sur le tracé d'une ligne imaginaire », ainsi Dibbets définit-il l'Hommage. Ce projet intègre des notions constamment présentes dans l'œuvre de l'artiste : l'organisation de l'espace, la modification du paysage qui ne sont pas sans analogie avec certains aspects du land art, le rapport subtil entre connaissance et perception.

Jan Dibbets est[...]

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Écrit par

  • : conservateur à l'ARC, musée d'Art moderne de la Ville de Paris

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