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MOLENAER JAN MIENSE (1609/10-1668)

Peintre né et mort à Haarlem. La première production de Molenaer, plus restreinte, plus originale et d'une exécution plus soignée que la seconde, portraits, scènes de genre, fêtes villageoises, porte visiblement la marque du style alerte de Frans et Dirck Hals. Les tableaux de compagnies élégantes et mondaines qui possèdent souvent des implications moralisatrices (L'Allégorie à la fidélité dans le mariage, de 1633, au musée de Richmond en Virginie ; Le Concert de famille de Haarlem, avec ses vêtements somptueux et ses étoffes noires raffinées ; Le Jeune Claveciniste d'Amsterdam) rappellent la manière distinguée de Dirck Hals, de Pieter Codde et jusqu'à Thomas de Keyser. Certaines figures isolées d'enfants rieurs représentés en buste, qui révèlent un goût de la provocation et du regard insistant (Le Toucher, musée de Phoenix, États-Unis), sont très proches de Hals et de Judith Leyster. Des tons purs et vifs très tranchants, un modelé en relief très accusé, une lumière fine et limpide, une exécution lisse et nette, des fonds gris et subtils sur lesquels ressortent d'autant mieux les formes caractérisent les sujets de genre de cette période, ainsi le Concert d'enfants (National Gallery, Londres) ou le Reniement de saint Pierre (1636, Budapest) traité dans un esprit tout profane dont la robustesse et l'alacrité trouvent des accents quasi caravagesques (au sens des Caravagesques d'Utrecht) ; mais dans ces œuvres apparaît également un indéniable souvenir de Brouwer et de son monde rustique brutal et caricatural : série des Cinq Sens (1637, Mauritshuis de La Haye), Cabaret (musées de Cologne et de Budapest). En 1636, Molenaer épouse, à Heemstede près de Haarlem, Judith Leyster dont les œuvres ont été parfois et non sans raison attribuées à la première période de Molenaer (le Petit Palais à Paris conserve un amusant portrait de Judith Leyster, vue de dos en train de peindre, œuvre de Molenaer). L'année suivante, Molenaer travaille à Amsterdam ; à partir de 1648, il s'établit à nouveau à Heemstede mais séjourne souvent à Haarlem.

Au cours des années 1640, la manière de Molenaer change fortement sous l'influence conjuguée du clair-obscur rembranesque et des sujets rustiques d'Adriaen van Ostade. Il peint alors un grand nombre de scènes d'intérieur dans des tons bruns où s'assemblent de façon compacte de petites figures stéréotypées tout à l'opposé de l'organisation dispersée et aérée de la première période (un exemple typique au musée de Bayeux sous le nom erroné de Tilborch). Les scènes de plein air (fêtes, banquets comme le Tir à l'arc d'Anvers ou La Dispute de Gand, 1644) montrent elles aussi un intérêt accru pour la représentation de la profondeur et de l'espace ; une luminosité légèrement voilée baigne l'ensemble du tableau et tend à l'unifier. On possède de remarquables témoins de cette évolution vers une peinture plus fine et plus adoucie qu'on retrouverait d'ailleurs chez Adriaen van Ostade et qui conduit à Steen comme à Brekelenkam, Sorgh et Cornelis Saftleven, ce sont les rarissimes essais de peinture monochrome en grisaille conservés au musée de Bourges (L'Aumône, Le Bénédicité).

Son frère Bartholomeus, mort en 1650 et actif à Haarlem, n'est qu'un modeste imitateur d'Adriaen van Ostade et de Molenaer dans sa deuxième période, tandis que Claes Molenaer, lui aussi haarlémois (avant 1630-1676), reçu dans la Gilde de Haarlem en 1651, est surtout un paysagiste proche de Roelof van Vries et de Cornelis G. Decker, dans la suite de Jacob van Ruisdael (bords de rivière avec maisons rustiques, côtes marines, paysages d'hiver). Le rapport de parenté entre Claes et Jan Miense n'est pas établi, mais il est certain qu'ils se connaissaient bien, car Claes fut tuteur en 1668 du fils[...]

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Écrit par

  • : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre

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