SIBERECHTS JAN (1627-env. 1703)
On ignore tout de la formation de Jan Siberechts qui est le fils d'un sculpteur. Ce peintre est l'une des figures les plus indépendantes du paysage flamand du xviie siècle. En 1648-1649, il apparaît comme maître dans la gilde d'Anvers, se marie en 1652 et s'établit à Londres en 1672. Dans un premier temps, jusque vers 1661 environ, Siberechts pratique une manière italianisante proche de celle de Both, de Berchem, de Pynacker ou de Dujardin, qui fait supposer, ce dont on n'a pas de preuves documentaires, qu'il est allé en Italie : Siberechts se révèle alors plus néerlandais que spécifiquement flamand. Une deuxième période dite anversoise dure jusqu'à son établissement en Grande-Bretagne. C'est également celle de ses meilleures œuvres : cheminements de bestiaux et de paysans, souvent à travers des gués, cours de fermes, bestiaux au pâturage ; une lumière crue, merveilleusement pure et sculpturale, tombe en oblique ou latéralement sur les formes, et les cisèle. Des couleurs vives et franches, un clair-obscur implacable, une sorte de rusticité naïve qui s'élève jusqu'à la monumentalité, la poésie du silence et de la majesté des statues caractérisent l'art savoureux de Siberechts. Si l'on voulait établir des comparaisons, on pourrait dire que l'univers plastique de Siberechts tient à la fois de l'humanité des Le Nain, des italianismes de Cuyp et d'Adriaen van de Velde et des silences formels de Sweerts. La Charrette de foin de Lille (1663), Le Petit Cocher et la vachère de Londres (1665), La Cour de ferme de Bruxelles ou Le Bain de pieds d'Anvers sont de parfaits exemples de cette fascinante robustesse de Siberechts qui transforme les pastorales décoratives et souvent plaisamment superficielles des italianisants en visions graves et intemporelles d'une qualité qui évoque parfois Vermeer. (Si l'on cherchait des équivalences dans la peinture hollandaise, on ne trouverait à citer que Pynacker et Ten Oever.)
À partir de 1672, Siberechts, qui est fixé en Angleterre où il rencontre le succès, s'attache à satisfaire sa clientèle aristocratique : il multiplie les vues perspectives de châteaux et de parcs ou reprend les anciens thèmes en les enjolivant, s'intéresse beaucoup aux représentations d'arbres, s'oriente vers une conception moins « animée » du paysage, où la nature tend à compter davantage que la figure, et certaines aquarelles faites sur le motif pendant cette période (Institut néerlandais, Paris) anticipent directement sur le paysage libre et naturaliste du xixe siècle.
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Écrit par
- Jacques FOUCART : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre
Classification
Autres références
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NÉERLANDAISE ET FLAMANDE PEINTURE
- Écrit par Lyckle DE VRIES
- 10 188 mots
- 18 médias
Quelques peintres de genres flamands qui n'étaient pas des adeptes de Brouwer et de Teniers ont laissé de belles œuvres. Jan Siberechts n'est pas de ceux qui croient que les champs, les bœufs, les fermières manquent de pittoresque ; il pense qu'ils sont dignes de compositions monumentales. Sa lumière,...