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VAN BATENBURG JAN (1495-1538)

Le nom de Batenburg évoque une phase peu connue de la lutte menée par les anabaptistes irréductibles après l'échec de Münster. Fils de Dirk Van Batenburg, lui-même fils illégitime d'un noble de Gueldre, Jan abandonne ses fonctions de maire de Steenwijk (Overijssel) pour rallier l'aile insurrectionnelle des anabaptistes. En 1535, il s'empare d'Oldeklooster, un monastère de la région de Bolsward. La même année, qui voit la chute de Münster, il fonde avec les rescapés du massacre le groupe des Zwaardgeesten ou Esprits du Glaive. Fidèle à la tradition millénariste, Batenburg s'identifie à Élie, à qui il appartient de préparer le retour du Christ sur la Terre. À cette fin, il appelle à la destruction des églises, prêche la polygamie et la communauté des biens, exige le divorce quand l'un des partenaires d'un couple n'est pas membre du groupe et engage à faire périr par le glaive quiconque ne pratique pas sa doctrine. En 1536, le congrès de Bocholt, en Westphalie, tente de trouver un terrain d'entente entre les partisans de Batenburg, les sectateurs de David Joris et les premiers munstérites. Seules deux thèses de Batenburg sont approuvées, le refus du baptême et le recours aux armes, jugé toutefois prématuré.

Arrêté en décembre 1537 à Vilvorde, près de Bruxelles, Batenburg est exécuté l'année suivante. Le mouvement, qui annonce le déchaînement iconoclaste des « gueux » dans les années 1560, se poursuit sous l'impulsion de Zylmaker, Appelman et Mickers. Dès 1538, la gouvernante des Pays-Bas attire l'attention des autorités sur le danger que représentent les Zwaardgeesten. Des églises sont saccagées à Alkmaar (1538), à Utrecht (1541), dans l'Overijssel, la Frise, le Brabant, la région de Leyde et jusqu'aux environs de Münster, où le batenburgiste Peter Van Ork est brûlé en 1544. Malgré la mort d'Appelman à Leyde, la même année, l'activité des batenburgistes est encore attestée en Frise (1549), à Alost (1550) — où est dénoncé un groupe d'insurgés pratiquant la liberté sexuelle —, à Leyde (1552) et à Courtrai (1553).

— Raoul VANEIGEM

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