VAN GOYEN JAN (1596-1656)
Né à Leyde et mort à La Haye, Jan van Goyen donne, avec Salomon van Ruysdael et Pieter Molijn, une orientation nouvelle et décisive à l'art du paysage néerlandais, et qui atteindra son apogée vers le milieu du xviie siècle, en abandonnant le goût maniériste du pittoresque et du décoratif, des couleurs vives, des forts contrastes d'éclairage et des perspectives fantaisistes et théâtrales (coulisses encadrant l'horizon) pour un naturalisme d'esprit moderne, en jouant sur la monochromie, en insistant sur les valeurs lumineuses et en accordant une place toujours plus importante au ciel, à l'horizon et aux nuages. Van Goyen est, à Haarlem, l'élève d'Esaias van de Velde, qui a eu une grande influence sur lui. Il s'établit à Leyde puis à La Haye où il ouvre un atelier fréquenté par des peintres tels que Van der Kabel, Saftleven, Berchem, Jan Steen. Très estimé de son vivant, il est admis, aussitôt après son arrivée à La Haye en 1631, à la gilde de Saint-Luc dont il devient le doyen en 1640. Il voyagea en France (sans doute vers 1615), en Flandre et en Allemagne.
Les premières œuvres de Van Goyen, proches de celles de son maître Esaias van de Velde et d'Avercamp, tiennent de la scène de genre et sont encore de conception maniériste, telles ces scènes de patinage (Château aux deux tours rondes, au Rijksmuseum, à Amsterdam), où il se complaît à décrire l'anecdote, insiste sur l'architecture et utilise une facture miniaturiste. Vers 1626 ou 1628, Van Goyen abandonne les petits formats précieux, les tondi de ses débuts, il se dégage de l'élément pittoresque et utilise, en même temps que Pieter Molijn et Salomon van Ruysdael, la diagonale qui structure et unifie la composition, tel le Village de 1626 (Lakenhal, Leyde), encore chargé de détails précieux mais où les figures sont réduites, perdent leur caractère anecdotique. À partir de 1630, Van Goyen conquiert une certaine originalité en recherchant un coloris plus atténué, en jouant sur les tons clairs et les frottis monochromes (ce qui est une nouveauté essentielle), en donnant la prépondérance au paysage et au ciel sur l'homme. Comme Molijn, il varie sur le thème du chemin sablonneux qui serpente à travers les chaumières. Avec Les Chaumières près du rivage (1631, musée des Beaux-Arts, Carcassonne), tableau tout en tons gris et touches dorées, les détails pittoresques (les chaumières, la charrette, les personnages) ne sont que prétextes à accentuer la diagonale. Il utilise également, parallèlement à Salomon van Ruysdael, l'arbre comme repoussoir, motif toujours très lisible, au feuillage minutieusement défini, tel Le Chêne foudroyé (musée des Beaux-Arts, Bordeaux), où l'arbre dressé contre le ciel d'orage donne sa profondeur à la composition, les gris bleutés s'allient aux ocres de la terre. Dès 1636, ses vues de rivières apparaissent : Van Goyen exécute des compositions toujours plus simplifiées, plus monumentales et va fragmenter la ligne de force qu'est la diagonale qui, à cette époque, perd de son importance tant chez lui que chez Ruysdael. Il renforce et accentue les horizontales et le rythme vertical des voiles, des clochers, des toits devenus des silhouettes sombres, il joue sur les contrastes d'ombres et de lumières dans le Paysage rhénan, La Ville d'Elten (1647, musée Bertrand, Châteauroux). De plus en plus, Van Goyen va insister, dans ses panoramas, sur l'atmosphère et la lumière, véritables sujets du tableau, jouant de nuances toujours plus raffinées : sa coloration devient monochrome, il choisit les gris argentés ou dorés qui se fondent et évoquent les natures mortes de ses contemporains, Pieter Claez ou Willem Heda. Van Goyen donne de plus en plus d'importance aux nuages, au ciel qui enveloppe le paysage et occupe les deux tiers du tableau, ce qui constitue une innovation fondamentale[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jacques FOUCART : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre
Classification
Autres références
-
NÉERLANDAISE ET FLAMANDE PEINTURE
- Écrit par Lyckle DE VRIES
- 10 188 mots
- 18 médias
...ils arrivèrent à des résultats surprenants. Chez eux, à la différence de maniéristes comme Goltzius, le résultat n'est pas seulement limité au dessin. Jan van Goyen, Pieter Molijn, Salomon van Ruysdael, qui n'étaient qu'un peu plus jeunes, ont à leur tour créé un type de peinture qui se distingue par... -
RUISDAEL JACOB VAN (1628 env.-1682)
- Écrit par Lyckle DE VRIES
- 2 857 mots
- 2 médias
...réalité qui a attiré toujours tant de spectateurs devant leurs tableaux. Les maîtres de cette génération furent Esaias van de Velde (1590 env.-1630), Jan van Goyen (1596-1656) et Salomon van Ruysdael. (Salomon Jacobsz. van Ruysdael est né à Naarden vers 1600 ; en 1626, il devient membre de la Guilde... -
RUYSDAEL SALOMON VAN (1600 env.-1670)
- Écrit par Françoise HEILBRUN
- 692 mots
Oncle de Jacob van Ruisdael et père de Jacob Salomonsz van Ruisdael, né à Naarden, membre de la gilde de Haarlem en 1626, mort dans la même ville en 1670, Salomon van Ruysdael est, avec son contemporain le Leydois Jan van Goyen dont l'œuvre présente un développement parallèle, un des premiers...