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AUSTEN JANE (1775-1817)

L'œuvre romanesque

Les écrits de jeunesse

Les trois premiers romans de Jane Austen se distinguent des suivants par la forte satire littéraire dont s'accompagne la description des personnages et de la société.

Raison et sentiments relate la vie des sœurs Dashwood, qui vivent dans la gêne. Marianne incarne les « sentiments », c'est-à-dire les épanchements amoureux. Elle s'éprend du beau John Willoughby, qui sous les dehors d'un amant romantique se révèle être un chasseur de dot peu scrupuleux. Lorsqu'il l'abandonne pour une riche héritière, elle se voit contrainte de faire le choix de la « raison » et accepte une union qui n'a rien de romantique avec le colonel Brandon, célibataire guindé, de vingt ans son aîné. À l'inverse, sa sœur aînée, Elinor, est guidée par la « raison », c'est-à-dire la prudence et la discrétion : sa constance envers l'élu de son cœur, Edward Ferrars, est récompensée par le mariage après de pénibles vicissitudes.

<em>Orgueil et préjugés</em>, J.Wright. - crédits : Working Title/ The Kobal Collection/ Alex Bailey/ Aurimages

Orgueil et préjugés, J.Wright.

Orgueil et préjugés décrit le conflit entre Elizabeth Bennet, fille d'un gentleman provincial, et Fitzwilliam Darcy, riche propriétaire terrien aristocratique. Si Jane Austen les montre intrigués l'un par l'autre, elle renverse les « premières impressions » conventionnelles : l'« orgueil » que Darcy tire de son rang et de sa fortune et le « préjugé » qu'il nourrit à l'égard de l'infériorité de la famille d'Elizabeth l'éloignent de cette dernière ; Elizabeth est quant à elle aussi bien animée par l'« orgueil » du respect de soi que par son « préjugé » envers le snobisme de Darcy. Ils finissent cependant par s'éprendre l'un de l'autre et par mieux se connaître eux-mêmes. Femme intelligente à l'esprit vif, Elizabeth – que Jane Austen préfère à toutes ses autres héroïnes – est l'un des personnages les plus attachants de la littérature anglaise.

L'Abbaye de Northanger est à la fois une satire des romans conventionnels, qui ont pour cadre la bonne société, et des romans « noirs ». Fille d'un pasteur de campagne, Catherine Morland est une jeune femme inexpérimentée qui va découvrir le monde en s'y confrontant : tout d'abord dans la société en vue de Bath, puis à l'abbaye de Northanger proprement dite, où elle apprend à ne pas interpréter le monde qui l'entoure à travers la grille de lecture que lui offrent les romans gothiques. Henry Tilney, son mentor et guide dans cette initiation, est un personnage sûr de lui, plein d'une douce ironie, qui deviendra son époux.

Les ouvrages de la maturité

Dans ses trois romans de la maturité, Jane Austen atténue la satire littéraire, qui n'en demeure pas moins présente, et la subordonne à la peinture des mœurs et de la société.

Par son ton et ses discussions sur la religion et le devoir religieux, Mansfield Park est le roman le plus sérieux de Jane Austen. Cousine effacée, Fanny Price est peu considérée par la famille Bertram qui l'héberge dans sa demeure provinciale. Elle se comporte cependant en véritable héroïne : grâce à sa force morale, elle finit par se faire complètement accepter des Bertram et par épouser Edmund Bertram lui-même, après que la famille s'est engagée dans une affaire désastreuse avec les Crawford, une famille qui cultive les apparences et vit au-dessus de ses moyens.

De tous les romans de Jane Austen, Emma est celui qui garde le plus souvent le ton de l'humour. Le personnage principal, Emma Woodhouse, est une belle jeune femme riche et hautaine qui passe son temps à s'immiscer dans les relations de ses amis et voisins pour jouer, en vain, les entremetteuses. Après plusieurs déconvenues humiliantes, c'est une Emma assagie qui trouve sa voie en épousant un hobereau d'un âge mur, George Knightley, voisin protecteur qui était à la fois son[...]

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Jane Austen - crédits : traveler1116/ DigitalVision Vectors/ Getty Images

Jane Austen

<em>Lady Maria Conyngham</em>, T. Lawrence. - crédits : Courtesy of the Metropolitan Museum of Art, New York City, gift of Jessie Woolworth Donahue, 1955

Lady Maria Conyngham, T. Lawrence.

<em>Orgueil et préjugés</em>, J.Wright. - crédits : Working Title/ The Kobal Collection/ Alex Bailey/ Aurimages

Orgueil et préjugés, J.Wright.

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  • ORGUEIL ET PRÉJUGÉS, Jane Austen - Fiche de lecture

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