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BIRKIN JANE (1946-2023)

La chanteuse et actrice anglaise Jane Birkin s’est enracinée en France grâce à l’auteur-compositeur Serge Gainsbourg. Elle fit de leur relation amoureuse une création partagée, refusant à juste titre le qualificatif de muse.

Jane Birkin et Serge Gainsbourg - crédits : Reg Lancaster/ Hulton Archive/ Getty Images

Jane Birkin et Serge Gainsbourg

À travers le monde, son nom était devenu synonyme d’amour à la française, en 1969, avec la parution de « Je t’aime… moi non plus », duo amoureux langoureux, qui scandalisa le Royaume-Uni, la France, le Vatican et au-delà. Initialement enregistrée par Brigitte Bardot, la chanson gagna un statut planétaire grâce à la voix de Jane, si ténue et haut perchée, « une voix d’enfant de chœur » disait Gainsbourg.

Du swinging London à Paris

Née le 14 décembre 1946 à Londres, Jane Birkin est la fille de David Birkin, commandant dans la Royal Navy, engagé dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, et de l’actrice Judy Campbell, proche du dramaturge britannique Noël Coward. Elle grandit aux côtés de son frère aîné Andrew, futur photographe de cinéma, et de sa sœur Linda, qui deviendra sculptrice. Jane connaît une enfance à la fois bohème et bourgeoise. La pochette de son album Enfants d’hiver (2008) la montre à douze ans, enfant filiforme, garçonne en ballerines, plantée sur une plage de l’île de Wight. Elle y était pensionnaire et, comme elle le raconte dans Jane B. par Agnès V. (1988) d’Agnès Varda, on la nommait par son numéro de chambre « Ninety-Nine » (99).

Le destin artistique de Jane Birkin s’ancre très tôt dans les sixties, le swinging London, le rock et les mini-jupes. Sélectionnée en 1964 pour une comédie musicale, Passion Flower Hotel, elle en épouse le compositeur John Barry, célèbre arrangeur du thème des James Bond. Tous deux figurent au générique du film de Richard Lester, Le Knack… et comment l’avoir, palme d’or à Cannes en 1965. Jane devient mère de famille en 1967, à l’âge de vingt ans, avec la naissance de leur fille Kate. Jeanloup Sieff la photographie pour Harper’sBazaar. Elle tourne Blow-Up, de Michelangelo Antonioni, palme d’or à Cannes en 1967, puis divorce de John Barry.

Le chanteur quadragénaire Serge Gainsbourg happe Jane Birkin en plein Mai-68, sur le tournage de Slogan de Pierre Grimblat. Serge « le juif russe » et Jane « la fille de résistant » vivront ensemble jusqu’en 1980. Leur fille Charlotte naît en 1971, alors que vient de paraître Histoire de Melody Nelson, le premier album-concept de Gainsbourg où Birkin prête sa voix et son image au jeune personnage féminin. À cette époque, elle évolue dans un naturel chic, avec à la main ou un panier d’osier tressé, habillée en robe transparente ou tailleur-pantalon d’Yves Saint-Laurent.

Jane Birkin enregistre sept albums conçus par Serge Gainsbourg, des chansons écrites pour elle ou des reprises de son répertoire à lui – de Jane Birkin - Serge Gainsbourg (1969) à l’ultime Amours des feintes (1990) – qui comprennent les titres « 69 année érotique », « Jane B. », « Di doo dah », « La décadanse », « Ex fan des sixties », « Les dessous chics ». Avec lui, elle fréquente les hauts lieux du noctambulisme parisien comme le Palace, à la fin des années 1970 ; puis l’abandonne quand il devient le « Gainsbarre » déglingué, au profit du metteur en scène Jacques Doillon, avec qui elle a sa troisième fille, Lou, née en 1982. À ses côtés, elle tourne La Fille prodigue (1980), La Pirate (1984) et Comédie ! (1987). Gainsbourg lui offre un album amoureux, Baby Alone in Babylone, en 1983. En 1987, elle donne son premier récital en solitaire au Bataclan à Paris. Gainsbourg est dans la salle. Le 2 mars 1991, il meurt puis, quelques jours plus tard, Jane perd son père, David Birkin.

En 1994, après une tournée française, elle affirme vouloir cesser de chanter. Mais deux ans plus tard, elle publie Versions Jane, quinze reprises de chansons que Serge Gainsbourg[...]

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Jane Birkin et Serge Gainsbourg - crédits : Reg Lancaster/ Hulton Archive/ Getty Images

Jane Birkin et Serge Gainsbourg

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