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JANE EYRE, Charlotte Brontë Fiche de lecture

<em>Les Sœurs Brontë</em>, P. B. Brontë - crédits : VCG Wilson/ Corbis/ Getty Images

Les Sœurs Brontë, P. B. Brontë

Charlotte Brontë (1816-1855) est la troisième fille de Patrick Brontë, pasteur de Haworth, et de Maria Branwell, qui disparaît très tôt, laissant les six enfants à la charge de leur père et de Miss Branwell, leur tante aux stricts principes méthodistes. Très jeune, Charlotte Brontë s'adonne à l'écriture et, de concert avec son frère Patrick, invente le royaume d'Angria où se trouvent en germe les thèmes et les personnages de la fiction ultérieure. L'imagination y règne, suscitant des scènes « irréelles » dans un monde d'aventures et de passion qui n'est pas sans évoquer celui du romancier anglais Walter Scott (1771-1832). À cette influence, s'ajoute celle des écrivains gothiques et romantiques, patente dans Jane Eyre et Villette (1853).

Comme ses aînées, Maria et Elizabeth, qui y mourront de tuberculose, Charlotte Brontë est envoyée à Cowan Bridge School, qu'elle peindra dans Jane Eyre sous les traits peu flatteurs de Lowood. De retour à Haworth, elle envisage d'ouvrir une école avec ses sœurs, avant de se tourner vers l'écriture. L'année 1846 voit la parution des poèmes d'Acton, Currer et Ellis Bell, les pseudonymes masculins des trois sœurs Brontë, suivis de trois romans l'année suivante : Agnès Grey d'Anne Brontë, Les Hauts de Hurlevent, d'Emily, et Jane Eyre paraissent simultanément en 1847. Le succès de Jane Eyre est immédiat, en dépit de ses aspects scandaleux pour l'époque.

Du chaos à l'harmonie

Jane Eyre, construit selon cinq unités dramatiques, se conforme au roman d'apprentissage : on y suit l'héroïne de l'enfance à l'âge adulte. Jane, orpheline, est à la charge d'une tante marâtre, Mrs Reed, dont le fils, John, se comporte en véritable tyran. Elle est bientôt envoyée au pensionnat de Lowood, dirigé par l'impitoyable Mr Brocklehurst. C'est là cependant que la jeune fille rencontre Helen Burns et Miss Temple, deux influences bénéfiques dans une existence qui s'inscrit sous le signe du manque et de la souffrance. Jane va apprendre les valeurs de la religion et de la modération. Dix ans plus tard, au cours desquels elle devient à son tour enseignante, elle quitte Lowood pour d'autres horizons. C'est à Thornfield Hall, en devenant gouvernante, que Jane commence son expérience d'adulte. Le mariage que lui offre Rochester, le maître de la demeure, avorte lors de la cérémonie, lorsque Jane apprend qu'il est déjà marié à Bertha, l'épouse folle qu'il garde enfermée dans le grenier. Jane quitte alors Rochester, refusant de devenir sa maîtresse : « Je traversais une épreuve ; une main de fer et de feu me prenait aux entrailles. Moment terrible, fait de lutte, de ténèbres, de brûlure ! Nul des êtres humains qui ont jamais vécu n'a pu souhaiter être aimée plus que je n'étais aimée ; et j'avais une véritable adoration pour celui qui m'aimait de la sorte ; or, il me fallait renoncer à mon idole et à son amour. » Son errance désespérée sur la lande la conduit à Moorhouse, chez les membres de la famille Rivers, dont elle découvrira plus tard qu'ils sont ses cousins. Tant au physique qu'au moral, le maître de maison, St John Rivers, se présente comme l'antithèse de Rochester. Jane est prête à succomber à sa proposition de mariage et d'exil en Inde, lorsqu'elle reçoit l'appel « télépathique » de Rochester et retourne à Thornfield : la demeure a été détruite par les flammes, où Bertha a péri. Rochester, devenu aveugle et handicapé, vit reclus à Ferndean, où Jane le retrouve. L'harmonie finale s'instaure dans la réconciliation des valeurs personnelles et sociales. Les obstacles ayant disparu, Jane peut enfin épouser Rochester.

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Écrit par

  • : professeure des Universités Paris-X Nanterre

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<em>Les Sœurs Brontë</em>, P. B. Brontë - crédits : VCG Wilson/ Corbis/ Getty Images

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