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MICHEAU JANINE (1914-1976)

Soprano française, née à Toulouse le 17 avril 1914, morte à Paris le 18 octobre 1976, Janine Micheau peut être considérée comme une des grandes artistes lyriques françaises du xxe siècle. Sur le plan de la technique, en particulier, elle fut sans doute une des plus parfaites.

Ayant étudié le chant dans sa ville natale, que l'on pouvait encore considérer comme le berceau du meilleur chant français, elle vint à Paris, où elle fut engagée d'emblée à l'Opéra-Comique sur simple audition. Elle y débuta en 1933, quelques semaines après avoir été choisie par Pierre Monteux pour chanter Mélisande à Amsterdam. En 1938, elle fut engagée à l'Opéra et, pendant un quart de siècle, partagea entre l'Opéra et l'Opéra-Comique l'essentiel de son activité.

Ce qui ne l'empêcha pas de mener de front une carrière internationale, au théâtre et au concert, dans un triple répertoire : français, italien et allemand. Toutes les grandes scènes du monde l'applaudirent : le Metropolitan Opera de New York, la Scala de Milan, le Covent Garden de Londres, l'Opéra de Vienne, le Bolchoï de Moscou.

Son chant constituait, en quelque sorte, la synthèse de trois écoles. De l'école italienne, elle possédait l'émission, qui conditionne la qualité du son ; de l'école française, le raffinement de l'expression et l'intelligence du texte ; de l'école allemande, enfin, la musicalité du phrasé, avec une maîtrise instrumentale de la voix. À ces acquisitions de la technique, approfondie au cours des années, il convient d'ajouter, ou même de mettre en avant le don naturel suprême : un timbre unique, scintillant, liquide, où la chair et le sang étaient présents au même titre que le velours et l'or. Rarement le chant servit-il aussi bien la musique, mais aussi rarement cet art (anormal, dans la mesure où il est l'apanage d'un nombre aussi restreint d'individus) parut-il plus humain.

La voix de Janine Micheau, conduite de façon exceptionnelle, et qu'elle savait alléger, ou corser, selon les besoins, lui permettait de triompher également dans les rôles légers et dans les rôles lyriques. Parmi les premiers, elle créa à Paris le rôle de Zerbinette dans Ariane à Naxos, de Richard Strauss (en français, selon la volonté du compositeur), et chanta Sophie du Chevalier à la rose dans le monde entier. Plus particulièrement sous la direction d'Erich Kleiber, grand spécialiste de l'ouvrage, qui lui vouait une admiration particulière. Dans le répertoire français, elle fut Lakmé et Leila des Pêcheurs de perles. Mais elle triomphait aussi dans le rôle plus corsé de la Juliette de Gounod, dont elle parvenait à évoquer la jeunesse par les seules inflexions vocales. En outre, elle contribua au rétablissement, dans Mireille, de la « scène de la Crau », coupée par la créatrice du rôle, Marie Miolan-Carvalho, qui la jugeait trop dramatique pour ses moyens.

Janine Micheau était encore une mozartienne réputée. Elle fut considérée comme une des meilleure Pamina (aux côtés de ses contemporaines Tiana Lemnitz et Irmgard Seefried) et aborda avec succès le rôle de Constance dans L'Enlèvement au sérail. Dans le répertoire italien, elle passa pour une exemplaire Gilda dans Rigoletto et chanta la version soprano de Rosine du Barbier de Séville, avec beaucoup de bonheur.

Ajoutons que la musique contemporaine lui doit beaucoup. Depuis Le Rossignol de Stravinski en passant par les rôles de Creuse dans Médée et de Manuela dans Bolivar que Darius Milhaud écrivit spécialement pour elle, jusqu'au Vin d'Alban Berg, que Janine Micheau créa en France. Il reste à parler de l'interprète de mélodies : outre les classiques italiens et les romantiques allemands, son art servait particulièrement Fauré et Debussy, qu'elle aida à populariser dans le monde.

Sur le plan[...]

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