JANUS
Le nom de Janus est assimilable à un nom commun signifant « passage ». L'irlandais a dérivé de la même racine le mot désignant le « gué » et la porte d'une maison se dit en latin janua ; inutile sans doute de recourir au dieu étrusque Ani pour expliquer le Janus latin. Il est le dieu qui préside à toute espèce de transition d'un état à un autre.
Dans l'espace d'abord : il veille sur le seuil de la maison, protégeant le passage de l'intérieur à l'extérieur et inversement ; il préside au passage de la paix à la guerre et inversement, c'est-à-dire au départ de l'armée pour l'espace extérieur à la ville et à son retour vers l'espace intérieur de la même ville ; il assure enfin le passage du monde des hommes à celui des dieux et, à ce titre, est toujours invoqué au début de toute prière rituelle.
Dans le temps ensuite : il est le dieu du matin ; on l'honore le premier jour du mois, aux calendes, et il a donné son nom au mois qui devait devenir le premier de l'année, januarius (janvier). Il préside de même au passage à l'histoire, comme premier roi légendaire du Latium, ce qui a justifié son assimilation au Chaos des Grecs. Sa représentation iconographique traditionnelle résume ces deux aspects : les deux visages de la statue évoquent le présent comme transition du passé au futur et il est paré des emblèmes du portier, le bâton et la clé.
Dans l'être enfin : il veille sur la naissance comme passage du néant à la vie. En fait, si la notion de passage reste partout sensible, elle se confond parfois avec celle de commencement, en particulier à l'occasion de la naissance et des calendes ; d'où des interférences avec d'autres divinités, Junon entre autres.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Paul BRISSON : professeur à l'université de Paris-X
Classification
Autres références
-
GAULE
- Écrit par Jean-Paul DEMOULE et Jean-Jacques HATT
- 26 438 mots
- 4 médias
...portique, dont les piédroits étaient creusés d'alvéoles destinés à recevoir des crânes humains ; le linteau est décoré de têtes de chevaux gravées. Étaient associés à ces fragments architecturaux plusieurs statues accroupies, un oiseau stylisé, ainsi qu'un « Janus » constitué de deux têtes accolées. -
ROME ET EMPIRE ROMAIN - La religion romaine
- Écrit par Pierre GRIMAL
- 7 011 mots