JAPON (Arts et culture) Le cinéma
Une industrie sous tutelle étrangère
Comme toute l'industrie, le cinéma est placé sous le contrôle de l'occupant, qui cherche surtout à interdire les œuvres militaristes et à favoriser celles qui aideront à la démocratisation du pays. Les cinéastes, qu'ils soient apparus au début de la guerre comme Kurosawa Akira (La Légende du Grand Judo[SanshiroSugata], 1943), Kinoshita Keisuke (Le Port en fleurs[Hanasakuminato], 1943), IchikawaKon (Une fille au temple Dojo[MusumeDojoji], 1945-1946), ou qu'il s'agisse des maîtres de toujours, tels que Mizoguchi, doivent pactiser, collaborer, sinon ruser pour traiter certains sujets, ou bien courir le risque de se voir interdire.
Dans un pays très touché par la guerre, et dont les cicatrices sont visibles dans le pays, l'industrie cinématographique renaît peu à peu. Dès 1947, quatre-vingts films sont en production, et le réseau des salles comporte deux mille unités. Une nouvelle société d'importance se crée, la Shintōhō, en dissidence de la Tōhō, tandis qu'un certain nombre de cinéastes liés aux partis politiques de gauche (le Parti communiste essentiellement) choisissent de quitter les « studios » et revendiquent l'indépendance. Ainsi, en même temps qu' Imai Tadashi (La Mer en colère[Ikari no Umi], 1944 ; Nous sommes vivants[Dokkoiikiteru], 1951), Kamei Fumio (La Vie d'une femme[Onna no Issho], 1949), Yamamoto Satsuo (Quartier sans soleil[Taiyo no nai maki], 1954) signent des œuvres fortement engagées, d'autres, toujours encadrés par les grandes sociétés, réalisent des films plus nostalgiques, comme Yoshimura Kōzaburō (Le Roman de Genji[Genji monogatari], 1951), ou Gosho (Croissance[Takekurabe], 1955), qui connaissent de grandes réussites. Kurosawa (L'Ange ivre[Yoidoretenshi], 1947 ; Chien enragé[Norainu], 1949 ; Scandale[Shubun], 1950), Kinoshita (Le Matin de la famille Osone[Osone-ke no asa], 1946 ; La Tragédie du Japon[Nihon ni igeki], 1953) tournent des films énergiques, des drames forts, bénéficiant souvent d'une grande invention visuelle. Ozu (Une poule dans le vent [Kaze on naka no mendori], 1948 ; Printemps tardif[Banshun], 1949 ; Les Sœurs Munakata[Munakatashimai], 1950) et Mizoguchi (Le Destin de MmeYuki[Yukifujinezu], 1950 ; Miss Oyu[Oyu-sama], 1951 ; La Vie d'O'Haru, femme galante[Saikaku ichidaionna], 1952 ; L'Intendant Sanshō[Sanshōdayu], 1954) poursuivent une carrière qui fait d'eux les maîtres les plus respectés. L'intensité émotionnelle de l'un, l'inspiration stylistique de l'autre contribuent à un renouveau du réalisme qui, sans être encore connu à l'étranger, donne naissance à des films qui sont ou deviendront des références.
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Écrit par
- Hubert NIOGRET : critique de cinéma
Classification
Médias