JAPON (Arts et culture) Le cinéma
La reconnaissance du monde
L'attribution, en 1951, du lion d'or de Venise au Rashomōnde Kurosawa, que consacrait peu après la remise, à Hollywood, de l'oscar du meilleur film étranger, a eu des effets dont la portée allait bien au-delà de la révélation d'un film ou de son réalisateur. Avec l'apparition sur la scène mondiale de l'un des siens, c'est tout le cinéma japonais qui se voyait enfin reconnu dans ses ambitions artistiques et dans ses capacités productrices. Après Kurosawa, ce fut au tour de Mizoguchi d'être enfin célébré, puis d'autres cinéastes dont les débuts remontaient même au cinéma muet, comme Ozu.
Les années 1950, qui, après les années 1930, sont un peu le deuxième âge d'or du cinéma japonais, se caractérisent par l'activité florissante des Majors : Tōhō, Shōchiku, Nikkatsu, Tōei, Daiei, Shintōhō. Dans le tissu industriel qui voit apparaître en 1951 le premier film en couleurs, Carmen revient au pays (Karumenfurusato ni kaeru), de Kinoshita, les petites sociétés indépendantes parviennent cependant à poursuivre leurs activités, en traitant souvent des sujets plus sociaux ou plus délicats (la guerre, Hiroshima) que ceux que proposent les grandes sociétés, les incitant parfois à se montrer plus audacieuses. Cependant, le vrai triomphe de ces dernières tient plutôt aux mélodrames familiaux à coloration sociale, telle La Mère (Okazan, 1952) de Naruse Mikio, ou à des films de grande envergure artistique, qu'elles ont seules les moyens de financer. Dans ces sociétés puissantes et intégrées, les assistants réalisateurs qui avaient collaboré avec les cinéastes des années 1940-1950 font eux-mêmes leurs débuts de metteur en scène. Mais leurs ambitions, leur remise en cause des institutions, leur écriture radicalement différente vont très vite les faire entrer en conflit avec les sociétés qui les ont formés.
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Écrit par
- Hubert NIOGRET : critique de cinéma
Classification
Médias