JAPON (Arts et culture) Les arts
Arts traditionnels
Architecture et jardins
L'architecture préhistorique et protohistorique
Dès le Néolithique inférieur, période de culture caractérisée par la chasse, la cueillette et la pêche, apparaissent les habitations semi-enterrées (tate.ana), au sol en terre battue creusé de 60 à 90 centimètres de profondeur, de forme ronde, ovale ou, plus tardivement, carrée. Une charpente centrale sommaire – une ou quatre poutres que supportent deux ou quatre poteaux – reçoit des chevrons dont la partie inférieure repose directement sur la terre. L'ensemble, couvert de chaume, a la forme d'une tente. Cet habitat s'est perpétué : on en retrouve aujourd'hui encore des variations sous forme de cabanes de chasseurs et de bûcherons dans le Chūgoku ou le Hokuriku. Au cours du Néolithique ou époque Jōmon (8000 env.-iiie siècle av. J.-C.), l'habitat semi-enterré suit un développement parallèle à l'essor de l'agriculture et de la sédentarisation, pour atteindre un point culminant au cours du Jōmon moyen. Le site de Mihara (préfecture de Gumma, fouilles en 1980) présente une organisation en cercle de trois cent quarante et une maisons autour d'une esplanade à ciel ouvert ; celui de Nishida (préfecture d'Iwate, fouilles en 1981) montre un espace central, fait de trous utilisés pour les inhumations, autour duquel sont organisés un premier cercle d'édifices non creusés, dont les traces de poteaux enfoncés dans le sol indiquent un plan rectangulaire (ou hexagonal allongé), puis des demeures semi-enterrées (rondes et ovales) et, enfin, un cercle de trous aménagés pour le stockage.
Les vagues d'immigrations continentales au Chalcolithique inférieur et moyen (Chalcolithique ou époque Yayoi, iiie siècle av. J.-C.- env. iiie siècle apr. J.-C.) permettent d'importants progrès technologiques dont les répercussions sur la stratification sociale et sur l'habitat sont immédiates. Si des regroupements d'habitations semi-enterrées de type Jōmon se retrouvent fréquemment à l'époque Yayoi, un site comme Etsuji (préfecture de Fukuoka, fouilles en 1994) montre un habitat de type semi-enterré identique à celui de Songgungni dans le sud-ouest de la Corée. L'analyse d'ossements brisés indique que les combats étaient fréquents, ce qui peut expliquer l'apparition de fossés et de palissades faites de pieux, protégeant certains hameaux comme celui du site de Yoshinogari (préfecture de Saga, fouilles de 1992) où le fossé délimite un espace de près de 1 000 mètres sur 400 mètres.
Un miroir de bronze trouvé dans le Yamato et diverses statuettes (haniwa) indiquent la coexistence de plusieurs types d'architectures : persistance de l'habitat semi-enterré ; maisons posées sur la terre avec apparition d'un mur aveugle ; grenier surélevé (principale innovation technologique de l'époque Yayoi). Caractérisé par de très hauts pilotis et une échelle sur l'un des pignons, ce grenier est fait de murs aveugles et d'une ossature de bois de trois travées (dans le sens de la longueur), celle du centre soutenant une poutre faîtière qui, stabilisée par des rondins transversaux, surplombe fortement les pignons.
À la fin du Chalcolithique, deux modèles architecturaux bien distincts coexistent : le type semi-enterré, où la poutre faîtière repose sur des chevrons entrecroisés, et les édifices sur pilotis (tateyuka), où la poutre faîtière soutenue par deux poteaux axiaux supporte les chevrons. Si le premier (et le plus ancien) se rattache à l'habitat des zones d'Asie septentrionale alors que les seconds rappellent l'architecture des régions tropicales pratiquant la riziculture, aucune migration venant de l'Asie du Sud-Est n'a pu être confirmée avec certitude. En outre, toutes les architectures qui se développent par la suite (religieuse ou profane, résidentielle[...]
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Écrit par
- François BERTHIER : docteur ès lettres, professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales, directeur de recherche au CNRS
- François CHASLIN : critique d'architecture
- Nicolas FIÉVÉ : docteur ès lettres en études de l'Extrême-Orient, architecte D.P.L.G., chargé de recherche au C.N.R.S.
- Anne GOSSOT : maître de conférences à l'université de Bordeaux-III, membre permanent de l'UMR 8155
- Chantal KOZYREFF : conservatrice des collections Japon, Chine et Corée aux Musées royaux d'art et d'histoire, Bruxelles, gestionnaire des musées d'Extrême-Orient
- Hervé LE GOFF : professeur d'histoire de la photographie, critique
- Françoise LEVAILLANT : directrice de recherche au CNRS
- Daisy LION-GOLDSCHMIDT : chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Shiori NAKAMA : maître-assistante en histoire de l'art du Japon moderne, Do-shisha University (Japon)
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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