JAPON (Le territoire et les hommes) Droit et institutions
Nom officiel | Japon (JP) |
Forme de gouvernement | Monarchie constitutionnelle avec deux chambres législatives (Diète nationale : Chambre des conseillers [242], Chambre des représentants [465]) |
Chef de l'État | L'empereur Naruhito (depuis le 1er mai 2019) |
Chef du gouvernement | Fumio Kishida (depuis le 4 octobre 2021) |
Au cours d'un développement d'une vingtaine de siècles, le droit japonais a connu bien des transformations spontanées ou suscitées par des influences extérieures. Jusqu'au milieu du xixe siècle, ces influences venaient principalement des civilisations indienne et chinoise, et, pendant des milliers d'années, le droit japonais a évolué sous l'empire exclusif de la civilisation orientale. On entend ici par ce terme un ensemble englobant les civilisations indienne, chinoise et japonaise, même si, à vrai dire, la notion d'Orient est fort imprécise et ne correspond à aucune civilisation unifiée, comme ce fut le cas en Occident.
Depuis le milieu du siècle passé à peine, le droit japonais a commencé à subir l'influence décisive de l'Europe. Forcé d'abandonner sa politique singulière du sakoku (« fermeture du pays »), le Japon dut s'adapter rapidement aux réalités politiques extérieures. Pour rivaliser avec les puissances occidentales entrées en relations avec lui après l'ouverture du pays en 1854, il dut moderniser son organisation politique et sociale et, pour ce faire, s'inspirer largement des pays occidentaux. C'est ainsi qu'il réforma son système juridique, dès le début de l'époque de Meiji (1868), suivant l'exemple des droits anglais, français et allemand.
La structure du droit japonais est donc, pour l'essentiel, identique à celle des droits occidentaux. Mais le mécanisme juridique est mis en action par des hommes dont la mentalité est déterminée par les conditions culturelles de leur pays propre. Aussi le droit japonais, tout en se rapprochant des droits européens par sa structure, s'en distingue sensiblement par sa fonction.
Sur le plan institutionnel, le Japon a recouvré son indépendance le 8 septembre 1951, date de la signature à San Francisco du traité de paix qui mettait fin à six années d'occupation américaine. Plus d'un demi-siècle plus tard, il se caractérise toujours, sur le plan politique, par une remarquable stabilité : stabilité interne, qu'atteste la reconduction au pouvoir d'équipes conservatrices sauf durant un bref intermède, entre 1993 et 1996 ; stabilité internationale, que manifeste une assez constante fidélité à l'alliance américaine, nullement incompatible avec des relations amicales établies avec des puissances qu'animent des idéologies différentes. Cette stabilité est due essentiellement à une conception bien comprise des intérêts japonais et à des structures sociales originales.
Le Japon, dont les entreprises expansionnistes menées dans le Sud-Est asiatique avant et pendant la Seconde Guerre mondiale n'ont pas laissé que de bons souvenirs, s'est employé depuis la fin de la guerre à y retrouver son audience. Usine de l'Asie, le Japon cherche à la fois des matières premières pour son industrie et des débouchés pour ses produits manufacturés. Il n'est point étonnant que ses regards se portent vers les pays les plus proches qui peuvent lui fournir les unes et les autres, et qu'à cet égard la Chine populaire exerce sur lui une irrésistible attraction. Mais le commerce avec la Chine ne peut dépasser les limites permises par l'amitié américaine. Le Japon pratique donc un subtil jeu d'équilibre, dans lequel il arrive en fait à commercer avec tous sans s'aliéner la sympathie d'aucun.
Les structures sociales du pays favorisent de telles ambitions, en garantissant une stabilité politique et une paix sociale favorables au développement économique. Société qui repose encore sur d'anciennes et strictes hiérarchies, sur un réseau étroit d'obligations et de protections individuelles, sur un « esprit de firme », sur une tradition monarchique ininterrompue, le Japon ne peut avoir qu'un comportement instinctivement conservateur et rester attaché à l'ordre établi. Cet ordre,[...]
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Écrit par
- Jacques ROBERT : membre du Conseil constitutionnel, professeur de droit public à l'université de Paris-II
- Noda YOSHIYUKI : professeur à la faculté de droit de Tōkyō
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias