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JAPON (Le territoire et les hommes) Géographie

Capitale

Tōkyō

    Langue officielle

    Aucune 1

    • Le japonais est la langue nationale
    Unité monétaire

    Yen (JPY)

      Population (estim.) 123 953 000 (2024)
        Superficie 377 969 km²

          Des campagnes et des périphéries en mutation

          Tandis que la Mégalopole s'étend et se densifie, la périphérie rurale traverse une mutation contrastée entre restructuration agricole sévère, développement du tourisme en certains lieux et repli sur des formes d'autosuffisance ou de « nouvelle ruralité » soucieuse d'échapper à la vie effrénée des grandes villes.

          Le sacrifice de l'agriculture japonaise

          La réforme agraire de 1946 (Nōchi kaikaku), qui est suscitée par les forces d'occupation américaines, touche deux millions d'hectares de terres cultivables, tandis que les forêts ne sont pas concernées. Un million et demi de « propriétaires fonciers » (jinushi) sont expropriés et indemnisés par l'État.

          La réforme agraire liquide les dernières formes de la féodalité, à l'exception des coutumes d'irrigation qui disparaîtront par la suite. Elle n'en introduit pas moins les dispositions qui iront à contresens de son objectif de renforcer une société paysanne. En effet, le parcellaire et le morcellement ne sont pas touchés. La dimension moyenne des exploitations se situe toujours autour d'un hectare. Les activités réellement coopératives qui auraient pu compenser l'éparpillement restent insuffisantes. Les paysans doivent alors se lancer dans une course à la productivité pour rester rentables. Ils se mécanisent, utilisent des engrais chimiques et, pour cela, s'endettent. Afin de rembourser leurs emprunts, ils exercent de plus en plus une double activité, souvent le salariat dans l'industrie, et ils finissent généralement par renoncer à l'agriculture.

          La réforme va donc paradoxalement vider les campagnes pour donner la puissance aux villes et aux capitaux urbains. Elle pose les conditions du décollage industriel, non par un accroissement de la demande en milieu rural, conformément au credo keynésien de ses instigateurs, mais par l'arrivée sur le marché de l'emploi d'une énorme masse de main-d'œuvre. La prolétarisation partielle ou totale de milliers de ruraux peut commencer. Politiquement, la réforme coupe court au bouillonnement révolutionnaire qui couvait dans les campagnes.

          L'agriculture régresse en hommes comme en surface. De 1950 à 2000, le nombre des exploitants passe de six à trois millions environ. La population agricole totale (nōka jinkō) chute au même rythme : 37 millions de personnes en 1950, 8,3 millions en 2005. La surface agricole utile passe de 6 millions d'hectares en 1960, son pic, à 4,6 millions en 2005. La majorité des exploitants adoptent un emploi partiel non agricole : 65,7 p. 100 d'entre eux en 1960, déjà, et 77 p. 100 en 2008, dont la moitié d'entre eux ont plus de 65 ans.

          L'agriculture, qui représente encore 8,8 p. 100 du P.I.B. en 1960, chute à 4,2 p. 100 en 1970, à 1 p. 100 en 2000, puis remonte à 1,6 p. 100 en 2010. Le taux d'autosuffisance alimentaire s'effondre, passant de 90 p. 100 à 40 p. 100 pour la même période. Même les forêts, pourtant l'une des richesses en matière première du Japon, reculent : leur exploitation ne concerne plus que 36 000 ha (coupes et boisements artificiels) au lieu de 1,2 million d'hectares au cours du même intervalle. L'autosuffisance sylvicole n'est plus que de 19 p. 100.

          Le sacrifice de l'agriculture japonaise est patent. Les campagnes, exsangues, ont fourni les contingents de travailleurs mégalopolitains de la « haute croissance ». À partir des années 1970, la main-d'œuvre rurale restante, meilleur marché et plus ou moins qualifiée, est utilisée par une industrie de pièces détachées, voire de montage, qui se délocalise en province. La Silicon Island de Kyūshū accueille certes des technopoles, mais aussi des industries électroniques peu sophistiquées, qui embauchent des femmes rurales, et des usines destinées à la construction automobile.[...]

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          Japon : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

          Japon : carte physique

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