- 1. Les temps préhistoriques
- 2. L'époque des grandes sépultures (IIIe-VIe s.)
- 3. Les débuts de la période historique (VIe-VIIIe s.)
- 4. L'époque de Heian (794-1192)
- 5. L'époque de Kamakura (1192-1333)
- 6. La période Ashikaga (1333-1568)
- 7. La période postféodale (1568-1839)
- 8. La modernisation
- 9. L'armée au pouvoir (1912-1945)
- 10. Le Japon depuis 1945
- 11. Chronologie contemporaine
- 12. Bibliographie
JAPON (Le territoire et les hommes) Histoire
Nom officiel | Japon (JP) |
Chef de l'État | L'empereur Naruhito (depuis le 1er mai 2019) |
Chef du gouvernement | Fumio Kishida (depuis le 4 octobre 2021) |
Capitale | Tōkyō |
Langue officielle | Aucune 1
|
L'époque de Kamakura (1192-1333)
Le gouvernement des gens de guerre
Cependant une nouvelle société allait naître, coulée au moule plus rude des chefs militaires portés en avant par la victoire des Minamoto en 1185. Minamoto no Yoritomo, devenu chef de clans après de multiples guerres contre ses parents, s'était installé à Kamakura dans des fiefs relativement éloignés de la cour et dont l'empereur lui avait donné l'intendance. En 1192, il reçut, toujours de l'empereur, le titre de généralissime, ou shōgun ; ainsi se trouvait couronnée l'ascension des hommes de guerre, commencée trente ans plus tôt. Le shōgun, dont le titre complet et original est sei-i-tai shōgun, était d'abord le chef d'état-major de l'armée envoyée pour combattre les barbares. L'histoire japonaise en fait mention pour la première fois en 720 ; le titre n'était alors porté que temporairement, pendant la durée d'une expédition. Il fut attribué par l'empereur Go-Toba (règne 1185-1198) à Yoritomo, mais cette fois à vie et de façon quasi héréditaire.
Établi dans une région éloignée de la capitale, où les magnats locaux n'avaient toujours reconnu qu'à court terme l'autorité centrale, Yoritomo eut l'habileté de faire extérieurement profession de loyalisme à l'égard de l'empereur et de faire entériner ses actes par ce dernier. Cette attitude lui permit d'attirer à lui tous les hauts fonctionnaires pourvus de titres de noblesse trop modestes pour pouvoir prétendre à quelque avancement à la cour. En peu de temps, le shōgundisposa ainsi d'une administration de qualité, qui ne redoutait aucune innovation et dont le réalisme allait permettre une politique souple et efficace, à la mesure des problèmes complexes qui se posaient à lui. Le shōgunse trouvait à la tête d'un territoire constitué d'une multitude de parcelles indépendantes et disparates, tant sur le plan des règles générales et des procédés de gestion que sur celui de la justice. De plus, les anciennes autorités provinciales s'étaient transformées en autant de propriétaires disposant de ces clients armés qui constituaient l'élément dynamique de la classe des guerriers. Échappant à toute autorité centrale, les terres pouvaient être cédées ou partagées, créant un ensemble mouvant, instable. Avec l'accord de la cour, le shōgun, dont le gouvernement porte traditionnellement le nom de bakufu (littéralement « gouvernement de la tente ») par allusion aux camps militaires volants des anciens shōguntemporaires, créa un corps de commissaires aux problèmes militaires (shugo) et un corps d'intendants (jitō) chargés de la gestion économique et fiscale ; il institua de plus, à son avantage, un impôt de 20 % sur les récoltes. En fait, il s'agissait d'une élimination des cadres administratifs impériaux par les rouages d'une organisation nouvelle d'essence féodale. Au sommet, en effet, les principes appliqués furent ceux d'une étroite interdépendance d'homme à homme ; seigneur et vassal étaient unis par les liens quasi parentaux qui dépassaient les obligations contractuelles et celles mêmes de la famille. À la base de tout était la loyauté et ainsi s'élabora peu à peu un code de la bonne conduite du samurai, code qui recevra plus tard, au xviie siècle, le nom de Bushidō. C'est lui qui désormais régit dans l'honneur et le don de soi l'existence de tout gentilhomme ; ce dernier reçut une part active et bien précise dans la vie de la société. Soulignons en passant qu'il n'en était pas de même pour tous ceux qui ne relevaient pas de ce code. À sa mort, survenue accidentellement en 1199, Yoritomo laissait ses terres dotées d'une administration transformée et désormais adaptée aux disparités régionales ; ce pays soumis au [...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Paul AKAMATSU : directeur de recherche au CNRS
- Vadime ELISSEEFF : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales
- Valérie NIQUET : directrice du centre Asie, Institut français de relations internationales
- Céline PAJON : chercheuse au Centre Asie de l'Institut français des relations internationales (IFRI), Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias