- 1. Les temps préhistoriques
- 2. L'époque des grandes sépultures (IIIe-VIe s.)
- 3. Les débuts de la période historique (VIe-VIIIe s.)
- 4. L'époque de Heian (794-1192)
- 5. L'époque de Kamakura (1192-1333)
- 6. La période Ashikaga (1333-1568)
- 7. La période postféodale (1568-1839)
- 8. La modernisation
- 9. L'armée au pouvoir (1912-1945)
- 10. Le Japon depuis 1945
- 11. Chronologie contemporaine
- 12. Bibliographie
JAPON (Le territoire et les hommes) Histoire
Nom officiel | Japon (JP) |
Chef de l'État | L'empereur Naruhito (depuis le 1er mai 2019) |
Chef du gouvernement | Fumio Kishida (depuis le 4 octobre 2021) |
Capitale | Tōkyō |
Langue officielle | Aucune 1
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L'armée au pouvoir (1912-1945)
L'aventure de la démocratie parlementaire
La mort de l'empereur Meiji ne changeait rien en soi dans les données de la politique intérieure. Cependant, les dirigeants japonais eurent le sentiment qu'une ère était terminée. Depuis 1868, les hommes originaires de Chōshū et de Satsuma exerçaient une influence prépondérante auprès des grandes sociétés, telles que Mitsui, Mitsubishi, auprès des partis politiques, des nobles, et jusque dans le Conseil des genrō : en effet, Ōkuma, bien qu'ancien Premier ministre, avait été laissé en dehors de celui-ci, parce qu'il venait de l'ancien fief de Saga. Les officiers de Chōshū tenaient le commandement de l'armée de terre, ceux de Satsuma le commandement de la marine. Or la grande presse, alors en pleine progression, dénonçait l'oligarchie des han-batsu, les « castes des fiefs ». Et, depuis la guerre russo-japonaise et l'affaire Kōtoku, l'opinion publique avait beaucoup mûri. Le tout était de savoir comment de nouvelles influences pourraient pénétrer dans les milieux gouvernementaux.
Le premier mouvement de sauvegarde de la Constitution
Saionji Kimmochi était Premier ministre. C'était un noble civil, mais vétéran de la guerre de 1868. Il avait succédé à Itō à la présidence de la Seiyūkai. Il bénéficiait de la réputation d'être libéral de tendance : au pouvoir déjà en 1906, il avait un moment toléré l'existence légale du Parti socialiste. La grande presse le soutenait. Il approuva la politique d'austérité proposée par le ministre des Finances, pour faire face à la crise économique latente. C'est alors que le ministre de l'Armée exigea le création de deux divisions nouvelles, afin de soutenir l'expansion japonaise sur le continent asiatique. Saionji refusa ; le ministre de l'Armée remit sa démission directement à l'empereur ; le commandement militaire ne désigna pas de nouveau ministre. Le cabinet Saionji fut acculé à la démission : l'armée avait renversé le gouvernement.
Les libéraux, dont la Seiyūkai, déclenchèrent le mouvement dit de « sauvegarde de la Constitution ». De décembre 1912 à février 1913, en pleine session parlementaire, les partis tinrent des meetings à Tōkyō et dans les autres villes principales. Le général Katsura, qui avait succédé à Saionji à la tête du gouvernement, répondit par des suspensions de débats à la Chambre des députés, mais dut se retirer deux mois à peine après avoir constitué son cabinet. La majorité des députés avait réussi à persuader l'opinion, et même les genrō, qu'une saine interprétation de la Constitution ne permettait pas à un ministre de se désolidariser de l'ensemble du cabinet, en accomplissant une démarche personnelle auprès de l'empereur. Mais ce n'était pas encore établir des pratiques de démocratie parlementaire, comme le proposaient certains libéraux, tel Yoshino Sakuzō, professeur à l'Université impériale de Tōkyō. Dans les faits, il fallait avoir recours aux compromis entre les différents groupes, les différentes « castes ». Au général Katsura succéda en 1913 l'amiral Yamamoto Gonnohyōe auquel s'était ralliée la Seiyūkai, brisant ainsi la coalition des partis. Le cabinet Yamamoto lui-même dut se retirer, un scandale ayant été mis au jour au sein de la marine, où des officiers avaient traité personnellement des marchés avec des sociétés étrangères. Les genrōfirent alors appel à Ōkuma, qui forma au printemps 1914 son second cabinet en groupant des ministres qui étaient entrés dans le gouvernement du général Katsura, notamment Katō Takaaki, gendre du fondateur de Mitsubishi. En fait, la concurrence entre les grands groupes industriels, déterminait la composition de l'équipe dirigeante, sans que l'orientation politique fût vraiment[...]
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Écrit par
- Paul AKAMATSU : directeur de recherche au CNRS
- Vadime ELISSEEFF : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales
- Valérie NIQUET : directrice du centre Asie, Institut français de relations internationales
- Céline PAJON : chercheuse au Centre Asie de l'Institut français des relations internationales (IFRI), Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias