JAPON (Le territoire et les hommes) L'économie
Capitale | Tōkyō |
Unité monétaire | Yen (JPY) |
Population (estim.) |
123 953 000 (2024) |
R.N.B. par habitant (USD) |
42 440 $ (2022) |
Les causes structurelles des crises
Depuis le début des années 1990, le Japon a connu trois crises d'origines différentes. La première, pendant les années 1992-2002, a été déclenchée par l'éclatement des bulles spéculatives boursières et immobilières à la suite du durcissement de la politique monétaire à partir de mai 1989. La récession de 2008-2009 a été la conséquence du ralentissement de la demande mondiale, qui a fait suite à la crise américaine des crédits subprime.
Une comparaison rapide des chocs conjoncturels subis par le Japon durant la décennie de 1990 avec ceux des années 1970 et 1980 fait apparaître deux caractéristiques. D'une part, les chocs sont plus nombreux ; d'autre part, ils sont plus fréquemment liés à des facteurs domestiques.
Enfin, la triple catastrophe survenue le 11 mars 2011 sur la côte pacifique du Tohoku a plongé le Japon dans une crise majeure, laquelle a touché aussi bien le niveau de la production nippone que celui de la consommation et des exportations.
Ces trois crises, aussi différentes qu'elles soient, n'en révèlent pas moins les nombreuses faiblesses structurelles de l'économie japonaise, aggravées par des chocs conjoncturels.
Une succession de chocs internes
Alors qu'une reprise est attendue en 1995 après l’absorption partielle de la forte contraction des actifs boursiers et immobiliers, le tremblement de terre qui touche Kōbe stoppe cet élan et se répercute sur la production et la consommation des ménages, effet qui est prolongé par l'émotion suscitée quelques mois plus tard par l'attentat terroriste au gaz sarin perpétré par la secte Aum Shinri-Kyo dans le métro de Tōkyō. À ces chocs s'ajoute la très forte hausse du yen de février à août 1995 (pic de 79 yens pour 1 dollar en avril 1995). Elle lamine le profit des entreprises et infléchit leur politique d'investissement.
L'année 1997 est marquée par un triple choc fiscal pour contenir le déficit public : une hausse de la T.V.A., portée de 3 p. 100 à 5 p. 100, une augmentation du plancher du ticket modérateur de l'assurance-maladie et l'abandon des mesures d'allégement d'impôt. En réaction, la consommation des ménages chute brutalement. De plus, la crise financière asiatique (de l'été de 1997 à la fin de 1998) pèse sur le commerce extérieur nippon (la part des exportations japonaises destinée à l'Asie tombe de 42 p. 100 à 33 p. 100 entre 1995 et 1998) et sur le bilan de nombreuses banques, particulièrement actives en Asie.
Enfin, sur le front de la demande extérieure, l'économie japonaise est très affectée en 2001 par le ralentissement de l'économie américaine et de la demande mondiale de semi-conducteurs.
Face à de telles incertitudes, les agents économiques se montrent prudents, en matière de consommation comme d'investissement privé. Ces deux moteurs principaux de la demande intérieure, qui représentent respectivement 55 p. 100 et 13 à 16 p. 100 du P.I.B., tournent au ralenti. L'État tente de relancer l'économie par des plans de dépenses publiques de grande ampleur (environ 56 000 milliards de yens injectés dans l'économie pendant la période 1992-2002).
La modestie des résultats de ces mesures destinées à favoriser la croissance témoigne de la persistance de problèmes structurels non résolus, tant du point de vue de l'économie financière que de celui l'économie réelle.''
Un système financier déstabilisé
Dans le secteur financier, l'effondrement du marché immobilier se répercute rapidement sur les bilans des sociétés de crédit immobilier, les jusen qui sont acculées à la faillite technique et liquidées en 1996. Les caisses de crédit agricole ainsi que les mutuelles de crédit sont également durement atteintes. Mais, plus grave encore, le cœur du dispositif financier[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Evelyne DOURILLE-FEER : docteur en sciences économiques, chargée de mission au CEPII, chargée de cours à l'INALCO
Classification
Médias