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JARDINS BOTANIQUES

Dès la haute Antiquité, en Chine, en Assyrie, en Égypte, des enclos étaient très certainement réservés à la culture de végétaux reconnus comme utilitaires. Ceux-ci accompagnaient souvent des plantations organisées autour d'édifices à vocation religieuse. Les premières collections destinées à des études scientifiques furent vraisemblablement réunies par Aristote et Théophraste (ive siècle avant J.-C.).

Dès leur création au xvie siècle, les jardins botaniques ont un rôle pédagogique ; ils sont d'abord destinés à l'enseignement de type médical ou pharmaceutique, puis à des publics plus larges. Ces collections vivantes, s'enrichissant au fil du temps de nouvelles espèces découvertes ou rapportées lors des missions d'exploration, deviennent un support de recherches. Aujourd'hui, outre leur rôle didactique, les jardins botaniques sont impliqués dans la conservation de la biodiversité végétale.

Les anciens jardins

L'impulsion donnée par Théophraste semble s'être effacée jusqu'à l'époque moderne, même si, au temps de Pline l'Ancien (23-79), la civilisation romaine fut propice à un certain essor de l'histoire naturelle, dont la botanique. On sait que les Gaulois cultivaient un choix d'espèces, que Charlemagne conseilla la présence d'environ quatre-vingts plantes dans les jardins. Le Moyen Âge, certes marqué par les jardins d'églises, fut aussi, dans des perspectives plus esthétiques que scientifiques, la période où des collections d'agrément ornèrent les châteaux, et dont quelques éléments nous sont restitués par les arts (« mille fiori », enluminures), plus rarement par des écrits.

C'est en Italie que, sous le nom d'orto botanico, s'élabore le premier jardin botanique, dont Pise (1544) et Padoue (1545-1546) se disputent la priorité. Ces jardins se trouvent liés à une structure universitaire et voués surtout à l'enseignement. Dès lors, nombreuses seront les villes qui imiteront ces pionniers ; on passe peu à peu des anciens jardins de simples, dans lesquels les plantes sont souvent dénommées par leurs appellations vernaculaires et ordonnées selon le type d'emploi, aux jardins botaniques où une nomenclature et un classement plus scientifiques sont adoptés. Dans de nombreux pays d'Europe, l'exemple est vite suivi : très célèbres furent le jardin de C. de l'Écluse (Clusius) en Hollande (d'où fut répandue la tulipe), et celui de J. Gerard près de Londres.

L'engouement pour les collections végétales vivantes est très prononcé au début du xviie siècle. Nombre de familles princières possèdent leur jardin ; les ecclésiastiques ne sont pas à l'écart : le jardin du Belvédère du Vatican existe de longue date et, vers 1600, l'évêque d'Eichstätt (Franconie) crée un jardin dont la richesse fera l'objet d'un des plus somptueux florilèges connus (1613), l'idée étant reprise pour la description du jardin du Vatican, Hortus Romanus (1772-1793).

L'émulation est telle que l'on recherche les végétaux les plus rares, les plus curieux et les formes les plus étranges. Les échanges sont déjà très nombreux et, bien avant que l'on en ait la connaissance scientifique, des sélections sont réalisées.

En France, les jardins des facultés de Médecine et ceux des Apothicaires, à Paris comme à Lyon et à Montpellier, constituent des collections scientifiques. C'est dans cette dernière ville qu'est officialisé le premier Jardin du Roy, ouvert au public en 1596 et dans lequel P. Richer de Belleval présente plus de mille espèces qui ne sont plus seulement des espèces utilitaires ou ornementales mais aussi des plantes sauvages.

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Écrit par

  • : ancien professeur au Muséum national d'histoire naturelle

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Média

Jardin botanique de Kew - crédits : Heather Angel

Jardin botanique de Kew

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