- 1. Grandes villes et systèmes de parcs
- 2. L'âge d'or de l'horticulture
- 3. Les esthétiques « fin de siècle »
- 4. Historicisme et nationalismes
- 5. Les expérimentations modernistes
- 6. L'émergence internationale du paysagisme
- 7. Les nouveaux enjeux de l'espace public
- 8. Les approches postmodernes
- 9. Vers un jardinage écologique et responsable
- 10. Bibliographie
JARDINS De la révolution industrielle à nos jours
Caractériser l'histoire des jardins par une succession de phases stylistiques rattachées à des écoles nationales, comme le voulait l'historiographie fondée au xixe siècle, n'a guère de pertinence pour les époques postérieures à 1800 : la période contemporaine réclame d'autres grilles d'analyse.
Depuis la révolution industrielle et l'âge des empires coloniaux, l'occidentalisation, le métissage puis la mondialisation ont, comme ailleurs, opéré dans ce domaine. La typologie se diversifie considérablement, tout en étant dominée par les jardins publics comme outil d'aménagement dans des civilisations de plus en plus urbaines. La démocratisation des pratiques rend également la dimension sociale toujours plus prégnante, tandis que s'affirment des figures professionnelles spécifiques, qu'il s'agisse de paysagistes ou d'artistes. Les phases distinguées ici pour plus de clarté se chevauchent en réalité chronologiquement, selon une évolution dont on suivra les étapes jusqu'à la prise en charge actuelle des défis environnementaux qui s'imposent à l'orée du xxie siècle.
Grandes villes et systèmes de parcs
Dès l'Antiquité, on avait aménagé dans les villes des promenades urbaines et des espaces plantés, fragments de nature destinés à l'agrément des habitants. Ces préoccupations s'affirment donc, de longue date, comme inhérentes à la volonté de développer harmonieusement la cité. Les cardinaux de la Renaissance ouvraient déjà leurs villas de Rome « à quiconque s'en veut servir » (Montaigne) et certains jardins royaux, comme celui des Tuileries, accueillaient les promeneurs convenablement vêtus. Par la suite, le désir d'embellissement urbain et l'obsession de la salubrité motivèrent, dans l'Europe des Lumières, le développement de politiques concertées de cet « envers des villes », qu'il s'agisse de promenades installées sur les anciennes fortifications, comme à Dijon ou à Perpignan, ou de vastes zones limitrophes telles le « Jardin anglais » de Munich, commencé en 1789 par Friedrich Ludwig von Sckell, et le Prater à Vienne.
C'est cependant avec la révolution industrielle et son corollaire, l'urbanisation massive, qu'émerge véritablement, dans l'esprit des réformateurs, le thème du « parc public » comme instrument de contrôle sanitaire et social de la croissance urbaine. Ainsi, dès 1829, John Claudius Loudon théorise la nécessité d'une planification globale et propose un schéma utopique où alternent des ceintures concentriques (belts) de zones construites et rurales. Le modèle du jardin ouvert à tous, financé par la plus-value des terrains périphériques, va s'imposer en Angleterre, à l'instar de celui de Birkenhead réalisé par Joseph Paxton à Liverpool (1847), dont le caractère démocratique fait l'admiration de Frederic Law Olmsted, l'un des concepteurs de Central Park à New York, commencé dix ans plus tard. Soucieux d'améliorer les conditions de vie et d'hygiène des classes les moins favorisées, Napoléon III engage dès son avènement une politique volontariste visant à la transformation radicale de Paris et nomme en 1853 le baron Georges Eugène Haussmann préfet de la Seine. C'est celui-ci, secondé par l'ingénieur Adolphe Alphand, directeur d'un nouveau service centralisé, les Promenades et Plantations, qui conçoit un système clairement hiérarchisé d'espaces verts, inspiré des grands réseaux territoriaux et urbains et reposant sur une combinaison efficiente d'éléments naturels et d'artefacts (petites constructions, mobilier urbain). En dix-sept ans, deux mille hectares sont aménagés, qu'il s'agisse des immenses bois de Boulogne et de Vincennes, des vingt-quatre squares, « salons de verdure offerts à la récréation[...]
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Écrit par
- Hervé BRUNON : chargé de recherche au C.N.R.S., centre André-Chastel, Paris
- Monique MOSSER : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles
Classification
Médias
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