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JARDINS De la révolution industrielle à nos jours

L'âge d'or de l'horticulture

L'œuvre théorique et pratique de John Claudius Loudon condense certains des aspects qui dominent le xixe siècle. Promoteur du parc public urbain, il milite également pour une esthétique du jardin baptisée « gardenesque » – à l'imitation du « pittoresque » – et basée sur la mise en valeur des végétaux pour eux-mêmes, par exemple un araucaria ou une herbe de la Pampa isolés sur une pelouse. Hérité de la passion suscitée par les grandes expéditions scientifiques de la fin du xviiie siècle, l'intérêt pour la botanique s'affirme tant chez les créateurs que les commanditaires, telles l'impératrice Joséphine, qui manifeste ainsi une véritable prédilection pour les plantes rares (magnolias, bruyères du Cap, mimosas), que les meilleurs spécialistes multiplient pour elle, tant dans les serres chaudes que dans les jardins de La Malmaison. Relayée par les pépiniéristes, à l'instar des Vilmorin, l'introduction de nombreux végétaux nouveaux, tels les cèdres du Liban, les grands arbres d'Amérique du Nord (érables, conifères) et les arbustes à fleurs originaires d'Extrême-Orient (rhododendrons, azalées), va contribuer à faire évoluer le jardin paysager vers un traitement de l'espace qui met en place une hiérarchie d'échelles allant des abords sophistiqués de la demeure, animés de corbeilles fleuries, jusqu'à l'alternance de larges prairies et de massifs boisés d'aspect naturel, dans un relief vallonné et parcouru de circulations courbes, selon des principes qu'illustre par exemple le travail du prince Hermann von Pückler-Muskau en Allemagne.

En second lieu, l'arboretum de Derby que conçoit Loudon, ouvert au public en 1840, fonde la vogue des collections dendrologiques, qui renouvelle la tradition des jardins botaniques. La fin du xixe siècle verra émerger d'autres catégories de collections végétales spécialisées, comme la roseraie et le jardin alpin installé sur des rocailles. Enfin, Loudon encourage la vulgarisation des savoir-faire horticoles à l'attention de la bourgeoisie à travers son Encyclopaedia of Gardening, publiée en 1822 – et traduite en français dès 1830 grâce à Étienne Soulange-Bodin, secrétaire général de la Société nationale d'horticulture de France, société qui avait vu le jour en 1827 –, ainsi que la revue Gardener's Magazine, fondée en 1826. C'est à cette époque que le paysagiste Peter Joseph Lenné institue la première école de jardiniers à Potsdam, près de Berlin ; le souci de former un corps professionnel compétent conduira de même, sous Haussmann, à doter Paris en 1867 d'une école d'horticulture et d'arboriculture, dirigée par Alphonse Du Breuil, tandis que l'École nationale supérieure d'horticulture de Versailles ouvrira ses portes en 1874.

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., centre André-Chastel, Paris
  • : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles

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Médias

Parc des Buttes-Chaumont, Paris - crédits : Icas94/ De Agostini/ Getty Images

Parc des Buttes-Chaumont, Paris

Charles Jencks : «Landform Ueda» - crédits : Arcaid/ Universal Images Group/ Getty Images

Charles Jencks : «Landform Ueda»

Jardinage - crédits : Ljubaphoto/ E+/ Getty Images

Jardinage

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