- 1. Grandes villes et systèmes de parcs
- 2. L'âge d'or de l'horticulture
- 3. Les esthétiques « fin de siècle »
- 4. Historicisme et nationalismes
- 5. Les expérimentations modernistes
- 6. L'émergence internationale du paysagisme
- 7. Les nouveaux enjeux de l'espace public
- 8. Les approches postmodernes
- 9. Vers un jardinage écologique et responsable
- 10. Bibliographie
JARDINS De la révolution industrielle à nos jours
Les nouveaux enjeux de l'espace public
À partir des années 1970, l'attention portée aux problèmes environnementaux, la démocratisation des loisirs ou encore le bouleversement des rapports entre ville et campagne induisent un changement progressif dans les politiques urbaines, qui, davantage soucieuses du cadre de vie des habitants, vont redonner au jardin une place centrale. La ville de Barcelone s'engage en 1981 dans une action globale, ultérieurement catalysée par la tenue des jeux Olympiques de 1992, en réalisant une série de parcs mais aussi de promenades publiques, grâce auxquelles le piéton reconquiert la voirie jusqu'alors sacrifiée à l'automobile. À Paris, les années 1980 sont marquées par des commandes prestigieuses, dont l'ambition renoue avec les grandes réalisations haussmanniennes. Si la conception du parc de La Villette, confiée en 1982 à Bernard Tschumi, repose essentiellement sur une trame de bâtiments modulaires rouges et un réseau de circulations desservant des équipements ludiques, le végétal tient en revanche un rôle majeur au parc André-Citroën (1986-1992), où collaborent Allain Provost et Gilles Clément ; la monumentalité de la grande esplanade centrale, plantée de groupes d'arbres et flanquée de canaux rectilignes, y contraste avec les ambiances plus intimes que déclinent les « jardins sériels ». Comme dans ces deux derniers exemples, la réhabilitation de friches industrielles au sens large (usines, carrières désaffectées, etc.) fournit l'occasion de maintes créations de nouveaux parcs en Europe, de même que la reconversion de certaines infrastructures, telle l'ancienne voie ferrée devenue la Promenade plantée dans le XIIe arrondissement de Paris (1988-2000). Des municipalités limitrophes sont de plus en plus souvent amenées à coopérer pour articuler leurs ressources en espaces libres par des « coulées vertes », privilégiant les circulations piétonnières et cyclables.
La programmation s'est considérablement diversifiée. Le jardin devient un maillon dans un enchaînement d'interventions qui se confrontent à la complexité du paysage. La requalification de vastes portions de métropoles permet de valoriser la présence du fleuve. Tel est l'enjeu des aménagements du Thames Path de Londres sur les deux rives de la Tamise, dont la première section date de 1977, ou du Hudson River Park de New York. Simultanément, la mégalopole américaine a fourni le modèle des « jardins de poche » installés dans des parcelles vacantes, souvent grâce à l'initiative de mécènes privés, à l'instar de la Samuel Paley Plaza achevée en 1967, où le paysagiste Robert Zion crée un havre de paix au pied d'un immense mur d'eau. Répondre à la forte attente sociale des citadins en mal de verdure requiert aujourd'hui de réinventer les « systèmes de parcs » que Jean Claude Nicolas Forestier avait théorisés à l'issue des expériences les plus judicieuses du xixe siècle. Il s'agit d'intervenir de manière cohérente à des échelles complémentaires, comme la communauté urbaine de Lyon s'est efforcée de le faire depuis 1989 par une centaine d'aménagements, qui vont de vastes zones de loisir périurbaines à de petits jardins de proximité, confiés conjointement à un paysagiste et un artiste.
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Écrit par
- Hervé BRUNON : chargé de recherche au C.N.R.S., centre André-Chastel, Paris
- Monique MOSSER : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles
Classification
Médias
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