- 1. Grandes villes et systèmes de parcs
- 2. L'âge d'or de l'horticulture
- 3. Les esthétiques « fin de siècle »
- 4. Historicisme et nationalismes
- 5. Les expérimentations modernistes
- 6. L'émergence internationale du paysagisme
- 7. Les nouveaux enjeux de l'espace public
- 8. Les approches postmodernes
- 9. Vers un jardinage écologique et responsable
- 10. Bibliographie
JARDINS De la révolution industrielle à nos jours
Vers un jardinage écologique et responsable
Dès les années 1970, le Néerlandais Louis-Guillaume Le Roy militait pour une nouvelle approche du paysage respectant le caractère évolutif et la complexité des écosystèmes, principe mis en œuvre à Mildam dans l'Éco-cathédrale, monument élaboré à partir de matériaux de démolition et indéfiniment modifié avec le temps. Cette tentative pionnière de repenser le jardin en fonction de l'écologie, pour en faire le terrain d'expérimentations fécondes, indiquait la voie où se sont engagées de multiples démarches au tournant des xxe et xxie siècles.
Pivot des stratégies urbaines cherchant à améliorer le cadre de vie, le jardin permet d'orienter l'aménagement du territoire en donnant forme au développement durable, ce concept consacré par la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement tenue à Rio de Janeiro en 1992. Des réflexions exemplaires ont ainsi été conduites en Allemagne dans des régions en pleine reconversion depuis le déclin du charbon et de l'acier. À Duisburg dans la Ruhr, le projet du Landschaftspark conçu par Peter Latz et Associés (1991-2001) s'est attaché à nettoyer le sol contaminé, à assainir le cours de la rivière Emscher en recyclant divers équipements pour récupérer les eaux de pluie et à transformer les installations minières et sidérurgiques en monuments « archéologiques » du patrimoine industriel.
Alors que les citadins s'adonnent désormais au jardinage sur le moindre balcon ou rebord de fenêtre, des ingénieurs multiplient les techniques pour installer des toitures végétalisées sur les couvertures des immeubles. Répandu en Allemagne, au Canada et au Japon par exemple, ce procédé de plantation sur un substrat de croissance assure l'isolation, la fixation des poussières et le filtrage des eaux pluviales. Plus généralement, les préoccupations écologiques modifient l'approche du végétal en portant l'attention sur l'adaptation des plantes à leur milieu. C'est ainsi que dans l'Essex, région aux étés arides, l'horticultrice anglaise Beth Chatto a mis au point depuis 1991 un « jardin de gravier » qui ne nécessite pas d'arrosage, grâce à l'utilisation de plantes résistant à la sécheresse et se contentant de sols pauvres, solution qui explore une réponse possible aux changements climatiques. La mise en place de modes de gestion moins intensifs coïncide avec l'affirmation d'une esthétique « environnementale » privilégiant les formes d'apparence libre et accordant une place essentielle à la strate herbacée. Les recherches du paysagiste néerlandais Piet Oudolf montrent comment créer des atmosphères en combinant le maximum d'effets avec un minimum d'entretien, en jouant sur les couleurs et les textures dans des associations végétales luxuriantes à base de vivaces et surtout de graminées au graphisme vaporeux, plantes que leur frugalité et leur connotations champêtres ont érigé au rang de vedettes des fleurissements actuels.
Faire le plus possible avec la nature, le moins possible contre, telle est la devise du travail de Gilles Clément, dont l'idée de « jardin en mouvement », expérimentée dans son jardin personnel de la Creuse à partir de 1977, repose sur une observation de la dynamique de la friche, progressivement colonisée par de multiples plantes, dont il s'agit de s'inspirer pour composer un espace en perpétuelle évolution. La théorie du « jardin planétaire », esquissée par le paysagiste depuis 1997, en mettant l'accent sur les méthodes qui permettent d'exploiter la biodiversité sans la détruire – décider par exemple de ne pas intervenir sur certains fragments de territoire, le « tiers paysage », où elle peut spontanément s'épanouir –, engage chaque citoyen à se comporter envers la Terre avec la même sollicitude que le jardinier à qui[...]
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Écrit par
- Hervé BRUNON : chargé de recherche au C.N.R.S., centre André-Chastel, Paris
- Monique MOSSER : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles
Classification
Médias
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