JARDINS Les Français et leurs jardins
Le jardin collectif
Depuis les années 1990, des jardins collectifs se développent en ville sous des formes inédites. Leur ambition nouvelle est d'inciter les citadins à retrouver un contact avec la nature et à respecter l'environnement. Ils se donnent aussi pour objectif, en cette période de chômage et de crise urbaine, de favoriser l'intégration des personnes en difficulté et des immigrés, de fabriquer du lien social et de la citoyenneté. Les expériences pionnières de community gardens menées au Canada et aux États-Unis ont suscité en France un foisonnement d'initiatives qui sont, pour la plupart, le fait d'associations et de bénévoles. Elles ont été rapidement soutenues et encouragées par diverses institutions publiques ou privées. Et notamment par la Fondation de France, qui finance la réalisation d'un certain nombre de projets. En 1997 et 1999, des forums ont été organisés, où responsables et animateurs ont échangé les leçons de leurs expériences et créé le réseau du Jardin dans tous ses états. Parmi les quelque 1 500 associations nouvelles, certaines ont été pionnières et ont joué un rôle fédérateur, comme Chantier-nature à Lille ou comme les Jardins d'aujourd'hui à Bordeaux, qui fut parmi les premières à créer des jardins en pied d'immeubles dans des quartiers dégradés ou difficiles ; comme les Jardins de cocagne ou les Jardins du cœur (issus des Restos du cœur) qui privilégient l'insertion et s'adressent à des chômeurs, RMIstes ou S.D.F. ; ou comme les Jardins de l'espérance à La Ciotat, qui s'efforcent d'accueillir les handicapés en même temps que les gens du voisinage. Leur ambition commune est de promouvoir la culture biologique en même temps que la convivialité. Beaucoup s'appuient sur la collaboration des services sociaux et des collectivités territoriales, et deviennent ainsi des outils de politique sociale.
Ces nouveaux jardins, diversement nommés dans un premier temps (« associatifs », « communautaires », « solidaires », « citoyens »...), peuvent être regroupés en deux catégories : les jardins d'insertion à l'adresse des personnes en difficulté, chômeurs, RMIstes ou S.D.F. ; et les jardins partagés (dernière appellation en date mais qui tend à prévaloir aujourd'hui), destinés aux habitants d'un quartier. Les jardins d'insertion, qui ont besoin de terrains assez vastes, se situent de préférence dans les zones périurbaines. Leur invention, dès la fin des années 1980, répondait à la montée du chômage et de la pauvreté. Certains jardins s'adressent à des bénévoles, d'autres offrent des contrats de travail financés sur crédits publics. La production est avant tout alimentaire et se trouve donc à l'opposé du jardinage de loisir, les légumes étant destinés selon les cas à l'autoconsommation, au don ou à la vente. L'objectif est d'offrir aux exclus un dispositif de remise au travail en se fondant sur les traditionnelles vertus du jardinage (les mêmes que celles qu'invoquaient les promoteurs des jardins-ouvriers – ordre, tempérance, persévérance, ponctualité...), tout en expérimentant de nouvelles formes d'économie solidaire et des façons de produire plus respectueuses de l'environnement.
Les jardins partagés sont pour la plupart situés en pleine ville ou dans la proche banlieue. On y cultive aussi des légumes, mais sans prétendre à une production vivrière, qui n'est guère compatible avec la taille réduite de ces lopins. Ils ont pour vocation essentielle de créer du lien social et des solidarités de voisinage dans un quartier et d'offrir aux citadins un coin de verdure qu'ils peuvent approprier à leurs goûts. Prenons comme exemple ceux dont la Ville de Paris a favorisé la création en mettant en place en 2003 le programme Main verte. Le succès très rapide[...]
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Écrit par
- Françoise DUBOST : directrice de recherche honoraire au C.N.R.S.
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