HEIFETZ JASCHA (1899-1987)
« Il y a beaucoup de violonistes et puis il y a Heifetz » (David Oïstrakh). Aucun violoniste depuis Paganini n'avait réussi à provoquer avec la même intensité, et l'enthousiasme ébahi des foules et l'admiration stupéfaite des professionnels. Lorsque disparut l'un des plus éblouissants instrumentistes de l'histoire de la musique, son prestige était resté intact malgré presque quinze années de silence.
Un enfant prodige
Jascha (Iossif Robertovitch) Heifetz naît à Vilna (aujourd'hui Vilnius, en Lituanie) le 2 février (20 janvier, ancien style) 1899 et non 1901, date qui a longtemps été tenue pour officielle. Son père, Ruvim Heifetz, violoniste au théâtre de la ville, ne manque pas de reconnaître et de développer les remarquables dispositions de son fils. À trois ans – si l'on en croit la légende, qui enjolive sans doute bien inutilement les choses –, le jeune Jascha reçoit son premier violon modèle réduit. Ses progrès sont tels qu'il est admis à cinq ans à l'école impériale de musique de Vilna, où il travaille sous la direction d'un pédagogue renommé, Elias Malkin. Un an plus tard, il obtient son premier grand prix. En 1907, le célébrissime Leopold Auer, de passage à Vilna, est à ce point étonné par l'enfant prodige qu'il promet de le prendre comme élève. Le temps de faire ses débuts publics en 1908 à Kowno (aujourd'hui Kaunas) dans le Concerto de Mendelssohn, et voilà notre musicien à Saint-Pétersbourg – ville pourtant interdite aux juifs par la loi –, d'abord dans la classe d'un assistant d'Auer. Rapidement, le maître l'appelle parmi ses élèves personnels. Pendant six ans, Heifetz développe ses dons hors du commun sous l'exigeante férule du sévère pédagogue. Le 30 avril 1911, il donne son premier récital public à Saint-Pétersbourg. Des tournées triomphales mettent la Russie tout entière à ses pieds : à Odessa, l'enthousiasme du public est tel que la police est contrainte d'intervenir. Sa réputation dépasse bientôt les frontières. Leipzig et Vienne le réclament. Le 28 octobre 1912, il interprète à Berlin le Concerto de Tchaïkovski, avec l'Orchestre philharmonique, que dirige Arthur Nikisch. Encore une tournée en Scandinavie (1916) et il quitte le Vieux Continent pour l'Amérique.
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
Médias