LAMY CHAPPUIS JASON (1986- )

Sa double origine le destinait-elle à embrasser deux spécialités sportives différentes ? Peut-être. Toujours est-il que Jason Lamy Chappuis a très tôt désiré marier ski de fond et saut à skis, c'est-à-dire devenir adepte du combiné nordique. Bien lui en prit, puisque, à l'issue d'une progression régulière, il a remporté une médaille d'or aux jeux Olympiques de Vancouver en 2010, avant de s'adjuger le classement général de la Coupe du monde dans la foulée.

Jason Lamy Chappuis est né le 9 septembre 1986 à Missoula (Montana), d'une mère américaine et d'un père jurassien. Après un bref retour en France, la famille s'installe à Copper Mountain (Colorado). Sa mère est monitrice de ski au Club Méditerranée, dans l'école de ski que dirige son père au sein de cette structure. À deux ans, Jason est déjà sur les planches et, rapidement, il participe à de petites courses de ski alpin. En 1991, la famille regagne la France et s'installe dans le Jura, à Bois-d'Amont, où l'enfant découvre le ski de fond. En 1994, il s'essaye au saut à skis, sur le tremplin des Rousses. Très vite, il est gagné par le plaisir de sauter, et le saut sera sa priorité. Néanmoins, jusqu'en 1998, il participe aussi bien à des courses de ski de fond qu'à des compétitions de saut. En définitive, Jason Lamy Chappuis choisit le combiné nordique, cette discipline qui associe les deux sports. Il intègre l'équipe de France junior en 2001, progresse, rejoint le circuit de la Coupe du monde en février 2004.

Le grand public le découvre en 2006, à l'occasion des jeux Olympiques de Turin : à dix-neuf ans, il se classe quatrième de l'épreuve de sprint. Peu après, il remporte sa première compétition en Coupe du monde, à Sapporo, et fait déjà des Jeux de Vancouver un objectif. Franco-américain, il nourrit sa progression en s'appuyant sur cette double culture. En France, il bénéficie de solides structures : il est pris en main par Julien Eybert-Guillon, entraîneur pour le saut, et Étienne Gouy, le chef du combiné national, pour le ski de fond. En outre, grâce au système contractuel, ce titulaire du baccalauréat de la série S peut intégrer les Douanes, ce qui lui permet de s'entraîner à plein temps ou presque. De la culture américaine, il prend la sérénité, la confiance, la décontraction, l'optimisme à toute épreuve. Sur le circuit, si son meilleur ami est son compatriote François Braud, il entretient d'excellentes relations avec les « combinards » d'outre-Atlantique, Bill Demong et Todd Lodwick notamment, qui auraient souhaité le voir intégrer l'équipe des États-Unis.

En février 2009, Jason Lamy Chappuis obtient deux médailles de bronze aux Championnats du monde de Liberec. Il aborde la saison 2009-2010 avec boulimie : il gagne plusieurs compétitions et, avant les Jeux de Vancouver, il est quasi assuré de remporter le classement général de la Coupe du monde. Cependant, ses principaux rivaux ont fait l'impasse sur certaines épreuves afin de mieux préparer le rendez-vous quadriennal. Divers observateurs craignent donc que le « Kid de Bois-d'Amont », comme on le surnomme, ait trop puisé dans ses réserves. Néanmoins, une traditionnelle question lorsqu'on parle d'un favori français – saura-t-il supporter la pression ? – ne se pose pas dans son cas : culture américaine de la gagne oblige.

Le 14 février 2010 a lieu l'épreuve de sprint. Sur le petit tremplin de Whistler, tout commence dans la difficulté. En effet, Jason Lamy Chappuis construit habituellement ses victoires en dominant ses concurrents lors de la compétition de saut, puis en résistant à leur retour à l'occasion de la course de ski de fond. Or, alors que les cinq derniers concurrents doivent encore sauter, les conditions aérologiques – léger vent de dos très pénalisant –[...]