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JAZZ

Le jazz contemporain

Dans les années 1980, le jazz connaît un net recul de popularité. Pour certains, il s'essouffle, pour d'autres, il est mort. Trois voies principales s'offrent alors aux jazzmen : le retour aux sources, le métissage et le postmodernisme alimenté par les musiques technologiques.

La création des musiciens de jazz a toujours été tributaire des conditions socio-économiques et, par conséquent, soumise aux lois du marché. Pourtant, un phénomène curieux se produit à partir des années 1980 : en dépit de la nouvelle croissance des sociétés postindustrielles, la condition des jazzmen ne cesse de s'aggraver. Les occasions de se produire en public deviennent de plus en plus rares pour la grande majorité des musiciens, ce qui a pour conséquence de restreindre de manière significative la fécondité voire l'exubérance du jazz. À tel point qu'on a souvent évoqué, depuis 1980, un phénomène de ralentissement de l'histoire du jazz.

Nouvelles pratiques

À partir de 1983, avec la commercialisation du disque compact, les productions phonographiques des nouvelles générations vont être peu à peu étouffées par la prolifération anarchique des rééditions et des compilations destinées à satisfaire les nostalgies du public. Le monde a changé, mais la pratique des jazzmen, elle aussi, s'est modifiée. Ceux-ci ont vite adopté, pour la plupart, les nouvelles technologies : l'informatique musicale, la numérisation permettant le traitement du son et le montage sur ordinateur, la création virtuelle. Sans oublier, à partir de 1995, la libre distribution de la musique, réduite à des fichiers informatiques (MP3), et la promotion sur Internet. Bref, l'utilisation des home studios s'est généralisée. Les musiciens, presque tous déjà transformés en enseignants du fait de la rareté de leurs apparitions en public, et enfermés dans les écoles de musique, se retrouvent également cloîtrés dans leurs propres studios domestiques.

Les nouvelles tendances de la musique de jazz résultent directement de cette situation d'enfermement. Tout jazzman, condamné à passer son temps à la recherche d'un « créneau porteur », a dû choisir entre trois directions : le retour aux sources, le métissage et l'esthétique postmoderne.

Retour aux sources

Pour s'intégrer à la société, rien n'est meilleur. Wynton Marsalis en témoigne, qui s'acharne à démontrer que rien n'a de meilleur avenir que le plus lointain passé. À cet égard, on peut écouter Red Hot Pepper (1999). Mais tous les styles – revival, new mainstream, neo-bop, new free revival – peuvent être rangés dans cette catégorie.

Métissage

Depuis sa naissance, le jazz a toujours emprunté pour évoluer. Pour ne prendre qu'un seul exemple, Django Reinhardt avait déjà réalisé une sorte de fusion du jazz avec la musique manouche. Mais, à partir des années 1980, la solution du métissage apparaît comme une réponse quasi obligée à la demande d'originalité à tout prix des décideurs et des organisateurs de festivals. Les musiciens vont donc s'affairer à métisser, à tenter de faire du neuf avec de l'ancien ou de bricoler une musique « originale » à partir de courants préexistants, le jazz seul ne paraissant pas suffisant pour constituer un « produit vendeur ». Ainsi, si l'on garde le mot « jazz », il est toujours associé à une musique « autre ». Les catégories jazz et musiques ethniques ou jazz et world music sont particulièrement appréciées (jazz et musiques orientales, jazz et musiques indiennes...). Mais, également et, pêle-mêle, le flamenco, les polyphonies corses, le musette, le gamelan balinais, le hip-hop, la techno (techno jazz), la jungle, le hip-hop, le trip-hop, l'acid jazz, le drum and bass, la musique klezmer, la house music (musique sans musicien)... Les tendances pourraient[...]

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Écrit par

  • : éditorialiste à Jazz Magazine, ancien rédacteur en chef de Jazz Magazine
  • : saxophoniste, flutiste, compositeur et écrivain
  • : éditeur, critique musical
  • : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

Louis Armstrong - crédits : Bettmann/ Getty Images

Louis Armstrong

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Jelly Roll Morton - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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