Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ABSIL JEAN (1893-1974)

Figure dominante de la musique belge contemporaine, Jean Absil voit le jour à Bonsecours, dans le Hainaut. Il est élevé dans l'univers rigoureux de la musique d'église avant d'être admis au Conservatoire royal de Bruxelles. Il y remporte les premiers prix d'orgue, d'harmonie et de fugue et complète sa formation en étudiant la composition et l'orchestration avec Paul Gilson. En 1921, il reçoit le prix Agniez pour sa première symphonie et, l'année suivante, le second prix de Rome belge pour sa cantate La Guerre. Ses activités prennent rapidement de l'importance : en 1922, il remporte le prix Rubens et est nommé directeur de l'académie de musique d'Etterbeek (qui deviendra par la suite l'académie Jean-Absil) et, en 1930, on le retrouve, comme professeur cette fois, au Conservatoire royal de Bruxelles, titulaire de la classe d'harmonie (puis de fugue en 1939).

À ses activités pédagogiques, qui ne ralentiront jamais, s'ajoute le rayonnement d'un homme qui a occupé une place essentielle dans la vie musicale belge : en 1935, il fonde le groupe La Sirène (filiale belge du célèbre Triton parisien), mouvement qui révèle au public les jeunes compositeurs de l'époque, et, en 1938, il participe à la création de la Revue internationale de musique à Bruxelles. Après la guerre, il cesse presque totalement d'écrire lorsqu'il accepte de devenir administrateur de la S.A.B.A.M. (Société belge des droits d'auteur). Mais ce silence lui coûte et, en 1949, il donne sa démission pour reprendre ses activités de pédagogue et de compositeur : Absil devient alors le guide de la nouvelle génération tout comme l'avait été Paul Gilson au début du siècle ; la plupart des jeunes compositeurs belges viennent travailler avec lui en marge des classes du Conservatoire, car Absil n'a jamais eu de classe de composition.

Toujours en quête de sources d'inspiration nouvelles, il voyage beaucoup et étudie, en Europe centrale notamment, les musiques populaires dans leur contexte original. Il en tire une étonnante application dans ses œuvres. Malgré une santé affaiblie, il ne cesse pratiquement pas de composer jusqu'à sa dernière heure.

L'œuvre de Jean Absil est très abondante (plus de cent soixante numéros d'opus) et touche à tous les domaines. Après une première période marquée par une libération progressive des contraintes académiques et au cours de laquelle il compose surtout son poème symphonique La Mort de Tintagiles (1923-1926), il s'imprègne des différents courants esthétiques qui voient le jour et en tire une intéressante synthèse dans son livre Postulats de la musique contemporaine (1937). Ces recherches sur la polytonalité et l'atonalité ne trouvent pas dans son œuvre d'application systématique. La parfaite connaissance des techniques nouvelles lui permet d'en doser l'usage et de réaliser des partitions qui sont, en quelque sorte, des carrefours. Mais la haute pensée artistique du compositeur et une matière musicale sans cesse renouvelée donnent à ses œuvres une originalité que cette simple recherche technique n'aurait pas apportée. Il faut attendre 1936 pour qu'il se tourne à nouveau vers l'orchestre symphonique avec une série de pages qui le révèlent comme l'un des maîtres de sa génération : Symphonie no 2 (1936), Concerto pour piano (imposé au concours Ysaye en 1938), Hommage à Lekeu (1939), Variations symphoniques et Concerto pour alto (1942), Symphonie no 3 (1943). Son orchestration claire et colorée est souvent traitée avec une virtuosité délicate qui rappelle Ravel et Roussel. Il aborde le théâtre lyrique avec féerie sur un poème de Henri Ghéon, Peau d'âne (1937), dont le succès l'encourage à persister dans cette voie : deux autres ouvrages voient le jour, une comédie musicale, [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification