ANGO JEAN (1480-1551)
Armateur dieppois. Issu d'une famille d'origine rouennaise, fils d'armateur — son père arme le premier navire français connu qui ait atteint Terre-Neuve (voyage de La Pensée, 1508) —, Jean Ango transforme l'entreprise paternelle, déjà importante, en une grande affaire capitaliste de dimension nationale. Émule de Jacques Cœur par l'ampleur et la multiplicité de ses activités maritimes, bancaires et commerciales, il a pour principale originalité d'avoir compris la nécessité d'une nouvelle politique maritime donnant la priorité au grand commerce océanique sur le secteur traditionnel méditerranéen, au moment où les découvertes portugaises et espagnoles aboutissaient à une profonde modification des voies commerciales et à un partage du monde dont la France se trouvait exclue (bulle Inter coetera et traité de Tordesillas). Face au monopole ibérique, première forme de l'Exclusif colonial, Ango revendique avec opiniâtreté la liberté de commercer, que ce soit en Amérique, dans les Indes ou en Afrique. Soutenu, de façon intermittente, par l'amirauté et par le gouvernement de François Ier, il envoie de nombreux navires, montés par des équipages d'élite, en direction de Terre-Neuve, du Brésil, des côtes de Guinée et même des îles de la Sonde. C'est ainsi qu'il organise le voyage à Sumatra des frères Jean et Raoul Parmentier, à bord de La Pensée et du Sacre (1529-1530), expédition qui ne sera pas renouvelée, ses bénéfices ayant paru insuffisants. De telles activités suscitent protestations et représailles de la part de l'Espagne de Charles Quint et du Portugal de Jean III. Ango réplique par la guerre de course et fait subir de lourdes pertes au commerce de ses adversaires dont la diplomatie s'efforce, non sans succès, de corrompre l'entourage du roi, en particulier l'amiral de France Chabot. Parallèlement, il participe aux guerres de François Ier en assumant, pour une large part, les frais considérables d'armement de la flotte royale, notamment en 1544 et 1545 contre l'Angleterre. Le non-remboursement de ses avances précipite son déclin : il meurt à demi-ruiné au château de Dieppe dont il avait été nommé capitaine en 1534.
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Écrit par
- Jean-Marcel CHAMPION : agrégé de l'Université, assistant à l'université de Paris-IV
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