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ARP JEAN (1887-1966)

Le dadaïsme

En 1916, Arp se délivre du géométrisme absolu en introduisant le hasard dans la composition de ses collages qu'il nomme « Suivant les lois du hasard » : il secoue un carton sur lequel sont posés en désordre des papiers découpés et coloriés fortuitement, puis colle ceux-ci en respectant la disposition obtenue. Cependant, Arp ne cultive pas l'arbitraire, l'absurde, pour lui-même, mais pour la possibilité de libération qu'il offre vers « l'ordre de la nature ». « Dada est pour la nature et contre l'art. Dada est direct comme la nature. » En 1916-1917, contrastant avec la forme géométrique des collages, apparaît dans ses premiers reliefs en bois polychrome (Plante-marteau, Forêt) un nouveau type de forme flexible qui s'enfle et s'amincit, où s'insinue la vie mouvante de la nature. Ce style élémentaire organique, évocateur du devenir des formes plus que de leur fixité, sera spécifique de ses reliefs et peintures postérieurs. La vie organique envahit aussi les gravures et les dessins qui illustrent les poèmes de ses amis dadaïstes : à l'abstraction des « études de symétrie » exécutées pour Prières fantastiques de Hülsenbeck, succède la fluidité formelle des bois pour Vingt-Cinq Poèmes de Tzara.

À la différence de Duchamp et de Picabia, Arp ne s'est jamais inspiré, même pour les tourner en dérision, de la machine et de la mécanisation de l'homme. La spontanéité avec laquelle naissent ses œuvres dadaïstes s'oppose au caractère systématique de la démarche de Duchamp qui mènera méthodiquement l'aventure dadaïste à son terme, c'est-à-dire au renoncement à toute activité artistique. Arp assimile le processus de création artistique aux phénomènes productifs de la nature : « Nous voulons produire comme une plante produit un fruit. » Aussi a-t-il toujours préféré le terme art concret à celui d'art abstrait pour caractériser ses œuvres. « Je trouve qu'un tableau ou une sculpture qui n'ont pas eu d'objet pour modèle sont aussi concrets et sensuels qu'une feuille ou une pierre. »

En 1919, Arp participe à la fondation du groupe des Artistes radicaux qui cherchent à s'éloigner de la conception purement destructrice et nihiliste de Dada. Cependant, la même année, il crée avec Max Ernst et Baargeld un mouvement dadaïste à Cologne.

Trousse d'un Da (1920), relief fait d'objets trouvés, et Papiers déchirés (1930) constituent un dernier défi aux moyens traditionnels de la sculpture et de la peinture : le sentiment de la fragilité de toute œuvre humaine le pousse à composer avec l'idée de destruction, à inclure d'avance l'élément de mort dans la composition.

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Écrit par

  • : diplômée d'études supérieures de philosophie

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