SAINT-NON JEAN-BAPTISTE CLAUDE RICHARD abbé de (1727-1791)

Aimable et spirituel, goûtant les arts et les pratiquant à l'occasion, sans toutefois en faire un métier, l'abbé de Saint-Non est l'une de ces figures où l'on se plaît à voir incarnées les meilleures qualités du xviii^e siècle. Il coulera à Paris une existence heureuse marquée seulement par quelques voyages.

Jean-Baptiste Claude Richard de Saint-Non, issu d'une famille de robe parisienne, embrasse d'abord la carrière du droit et devient avocat au parlement. Cet abbé n'a en réalité jamais été un homme d'Église et son titre vient de ce qu'il s'était vu attribuer en commende l'abbaye de Pothières. Parmi les artistes qu'il connaissait, il faut citer particulièrement Fragonard et Hubert Robert. Il fit, en leur compagnie, entre 1759 et 1761, un voyage à travers l'Italie. Les deux peintres dessinaient inlassablement soit les paysages, soit les œuvres d'art qu'il leur était donné de voir. Saint-Non a exécuté des centaines de gravures d'après les dessins de ses amis, plus rarement d'après les siens propres. Ces estampes sont des travaux vifs et délicats, où l'abbé sut utiliser avec beaucoup d'habileté les ressources de l'aquatinte pour rendre les effets du lavis. Saint-Non était capable à l'occasion de ne pas reculer devant les grandes entreprises et il sut s'attacher la collaboration d'une vingtaine des meilleurs artistes de son temps pour publier, entre 1781 et 1786, les six volumes du Voyage pittoresque ou Description des royaumes de Naples et de Sicile. En 1771, il avait déjà publié un Recueil de griffonis, où se trouvent reproduits de nombreux dessins de Fragonard, de Hubert Robert et de bien d'autres. Il disparaît en 1791, avant ses deux grands amis. Des graveurs amateurs du xviii^e siècle, c'est probablement lui qui a laissé l'œuvre le plus important, par le nombre comme par la qualité.

— Georges BRUNEL