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COLBERT JEAN-BAPTISTE (1619-1683)

Jean-Baptiste Colbert - crédits :  Erich Lessing/ AKG-images

Jean-Baptiste Colbert

Une légende tenace faisait de Colbert le fils d'un marchand drapier de Reims. Les historiens ont eu raison de ce mythe en montrant que le grand ministre était issu d'une dynastie de grands marchands internationaux, banquiers et financiers. Laboureurs à la fin de la guerre de Cent Ans, entre Reims et les Ardennes, ils firent du transport de pierres pour reconstruire les villes détruites et devinrent maçons. Marchands grossistes à Reims au xvie siècle, ils donnent des échevins à la ville et appartiennent à la bourgeoisie riche de la cité. Très liés à la fin du siècle aux milieux bancaires italo-lyonnais, proches du pouvoir sous Henri IV et sous Louis XIII, ils atteignent leur apogée sous Louis XIV. Colbert n'est pas en effet devenu ministre par un coup de baguette magique, en sortant de la boutique du « Long-Vêtu ». Il fut poussé dans les allées du pouvoir par un groupe où se mêlaient des ministres comme Le Tellier (père de Louvois), des gens d'affaires comme Particelli d'Émery, Lumagne, Camus, rapprochés par un ensemble d'intérêts et des alliances matrimoniales. L'enfance et la jeunesse de Jean-Baptiste Colbert sont mal connues. On suppose qu'il fit ses études chez les Jésuites. Dès 1634, il fait son apprentissage chez Mascranny, banquier à Lyon, puis il travaille à Paris dans une étude de notaire, chez un procureur au Châtelet, avec un ancien munitionnaire devenu officier de finance ; il reçoit en somme une éducation de marchand et d'officier de finance, avec des notions juridiques acquises par la pratique. En 1640, il devient commissaire des guerres, charge lucrative s'il en fût, commis du secrétaire d'État à la Guerre, François Sublet de Noyers. Ces fonctions l'obligent à voyager dans le royaume pour connaître troupes et garnisons : expérience précieuse pour un futur ministre. En 1645, il entre comme commis au service de Michel Le Tellier, secrétaire d'État à la Guerre, qui lui fera obtenir un brevet de conseiller d'État. En 1648, son mariage avec la fille d'un intendant des turcies et levées de France lui apportera 100 000 livres de dot.

Colbert passa du service de Le Tellier à celui de Mazarin, dont il géra les immenses biens et auquel il servit d'intermédiaire avec la reine pendant son exil. Le cardinal le recommanda à Louis XIV comme « étant fort fidèle ». Sa valeur personnelle fit le reste. Il travailla à la disgrâce de Fouquet, réussit à influencer le roi, dut subir les assauts de la compagnie du Saint-Sacrement qui soutenait le surintendant, entra au conseil d'En-Haut et cumula peu à peu les responsabilités : bâtiments et manufactures, contrôle général des Finances, Maison du roi et Marine. Seules les Affaires étrangères et la Guerre lui échappèrent, quoiqu'il parvînt très vite à installer son frère Croissy au poste de ministre des Affaires étrangères. Pour venir à bout de tant de tâches, il fallait un homme exceptionnel. Michelet le compare à un « bœuf de labour », mettant ainsi en évidence sa qualité fondamentale : l'archarnement au travail. Esprit méthodique, il sait rédiger pour le roi — à qui il voue une inébranlable fidélité — des rapports très clairs. Il esquisse tout un système de réformes afin de rétablir l'ordre dans le royaume, après les lourdes épreuves de la guerre. Ses idées ont souvent servi de modèle pour décrire le mercantilisme qu'il incarne.

Citadin, homme du commerce international, Colbert a le souci d'exporter pour accumuler à l'intérieur des frontières le maximum d'or et d'argent, et d'importer le moins possible pour éviter d'en perdre. À cette fin, les manufactures fourniront l'essentiel de l'effort, le grand commerce sera relancé et les paysans soulagés par la diminution de leurs impôts. Colbert n'est pas le père de ces idées, élaborées avant lui, mais il les a mises en[...]

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