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DUROSELLE JEAN-BAPTISTE (1917-1994)

Né pendant la Première Guerre mondiale, admis à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm en 1938, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, alors que la France était entrée en “décadence”, Jean-Baptiste Duroselle fut profondément marqué par ces deux conflits mondiaux. Son pays, sorti du premier affrontement avec les titres de “vainqueur” et de “première puissance militaire en Europe”, était laissé par le second, battu, divisé, meurtri, aux bords de l'“abîme”. Il ne fait point de doute que l'attirance du savant pour l'histoire contemporaine de la France et des relations internationales puisait ses origines dans sa propre vie, même s'il évoquait volontiers le “hasard” pour expliquer son cheminement professionnel et scientifique.

Reçu premier à l'agrégation d'histoire et de géographie en 1943, actif organisateur de rencontres d'étudiants, il s'était d'abord tourné vers l'histoire du catholicisme français au xixe siècle en préparant sa thèse de doctorat d'État sur Les Débuts du catholicisme social en France, 1822-1870. Mais, avant même de l'avoir soutenue en 1949, dès 1945 le voici assistant à la Sorbonne à la demande de Pierre Renouvin. Désormais commence une collaboration étroite entre ces deux hommes. Collaboration institutionnelle, puisque, à deux reprises, Jean-Baptiste Duroselle succède à Pierre Renouvin : à l'Institut d'études politiques de Paris en 1956 pour y faire le grand cours d'histoire des relations internationales (1956-1984), à la Sorbonne dans la chaire d'histoire des relations internationales (1964-1983). Collaboration scientifique, puisqu'en 1964 ils publient ensemble ce qui devait demeurer le livre fondamental de réflexion pour les spécialistes de ce domaine, Introduction à l'histoire des relations internationales.

Nourri d'une vaste culture classique, doué d'une prodigieuse mémoire qui faisait l'admiration de tous, Jean-Baptiste Duroselle avait retenu comme règle d'action du bon historien une pensée de Pascal qu'il citait volontiers : “Il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d'une chose ; cette universalité est la plus belle.” Il ajoutait qu'il faut essayer de savoir beaucoup (et non tout) comme spécialiste d'un domaine, mais que l'“usager” de l'histoire ou d'autres sciences gagne à savoir un peu de toute chose. Cette ouverture d'esprit lui avait fait embrasser bien des domaines proches de l'histoire, non seulement la géographie, mais la démographie, la sociologie et surtout la science politique, bien qu'il en écartât les aspects trop “théorisants”. Ouverture d'esprit qu'il apportait aussi à la compréhension des êtres humains, soit dans le temps, évoquant volontiers l'Antiquité ou le Moyen Âge, soit dans l'espace, grâce aux nombreux voyages et séjours à l'étranger qu'il avait pu faire avec le désir de connaître et de comprendre avant que de juger. Du même coup, il avait horreur du sectarisme, de l'esprit de parti ou de chapelle, au point de récuser le terme d'école française d'histoire des relations internationales, parce qu'il craignait que la “scolastique” ne vînt à tuer les diverses formes de recherches menées par ceux qui étudiaient ce domaine.

Très grand travailleur, lecteur obligé — mais souvent satisfait — des nombreuses thèses de doctorat qu'il avait dirigées, Jean-Baptiste Duroselle aimait à écrire et savait écrire, tout comme il avait su enseigner. Lorsqu'il fut élu à l'Académie des sciences morales et politiques en 1975, il avait déjà une œuvre importante : livres de synthèse comme son Histoire diplomatique de 1919 à nos jours (onze éditions entre 1953 à 1992), études ponctuelles très fouillées comme[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

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