ISABEY JEAN-BAPTISTE (1767-1855)
« Peintre en miniature » — comme il est simplement gravé sur la tombe du Père-Lachaise où repose également son fils Eugène (1803-1886), le peintre romantique — mais aussi, selon la titulature dont il bénéficie sous le Premier Empire, « peintre dessinateur du cabinet de S.M. l'Empereur, des cérémonies et relations extérieures », Jean-Baptiste Isabey a tenu une place considérable dans la vie artistique et mondaine des années 1800-1850, et cela sous tous les régimes. L'artiste, en vérité, a beaucoup et souvent trop rapidement produit, aux dépens parfois de la qualité. L'Empereur lui-même le lui reprocha, comme le traduit cette note du grand maréchal du palais, Duroc, le 8 août 1807 : « S.M. a été fort mécontente des portraits de M. Isabey [les effigies de Napoléon étaient commandées par séries] et elle désirerait qu'il fasse mieux ou que l'on employât un autre peintre. » Il est vrai qu'Isabey conserva ses privilèges et réussit même à faire augmenter des honoraires, pourtant jugés exorbitants.
Aussi bien le talent d'Isabey n'a-t-il jamais été discuté. Il est le meilleur portraitiste en miniature de son siècle. Dès son apprentissage à Nancy, chez Claudot, peintre de Stanislas, il élit le genre où il assure ses premiers succès. À Paris, David lui-même l'encourage à persévérer. Par rapport aux miniaturistes attitrés de la fin du règne de Louis XVI, tels Sicardi, Per Adolf Hall ou Jacques Dumont, Isabey sait encore mieux allier, dans le petit format obligé, grâce et dignité, concilier le souci d'idéalisation du néo-classicisme et le respect de la vérité. C'est ainsi que la grande sépia de Bonaparte dans les jardins de Malmaison, au Salon de 1802 (Malmaison), le « seul portrait vrai » du héros selon Reichardt, séduisit par la ressemblance et l'alliance de la grandeur et de la simplicité.
Ses compositions plus ambitieuses, comme les grands dessins rehaussés célébrant les visites de Napoléon chez Oberkampf à Jouy-en-Josas (Salon de 1806) et dans les ateliers des frères Sevenne à Rouen (tous deux à Versailles), sont moins des tableaux d'histoire que des successions de portraits ; le souffle nécessaire à la grande peinture manque un peu. Une réussite comme le dessin, popularisé par la gravure, de la Revue du Quintidi au Carrousel (Salon de 1800) est due en partie à la collaboration de Carle Vernet, comme les gravures du Livre du Sacre à celle de Percier et Fontaine. De même la célèbre « table des maréchaux » (1808-1810), chef-d'œuvre décoratif exécuté par la manufacture de Sèvres (Malmaison), est d'abord un assemblage de médaillons, enchâssant ce qui est bien l'inimitable réussite d'Isabey : le portrait en miniature.
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Écrit par
- Bruno FOUCART : professeur à l'université de Paris-Sorbonne
Classification
Médias
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