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JOURDAN JEAN-BAPTISTE (1762-1833) maréchal d'Empire (1804)

Fils d'un chirurgien de Limoges, Jourdan a fait comme simple soldat la guerre d'Amérique avant de s'établir comme mercier à Limoges ; volontaire de 1791, il sert sous Dumouriez à l'armée du Nord ; général de division dès juillet 1793, il est en septembre (avec Pichegru et Hoche) l'un des commandants en chef « sans-culottes » nommés par le Comité de salut public ; en octobre, il bat Cobourg à Wattignies, débloque Maubeuge et stoppe l'offensive autrichienne sur Paris. Après une brève disgrâce que lui inflige la méfiance de Carnot, il commande l'armée réunie sur la Sambre, est vainqueur à Fleurus (26 juin 1794) et commande la nouvelle armée qui prend le nom de Sambre-et-Meuse, la plus sincèrement républicaine des armées de la République. En 1794, il achève la conquête de la Belgique et de la rive gauche du Rhin ; il sera moins heureux les années suivantes : en 1795, il ne peut maintenir son offensive au-delà du Rhin et, mal soutenu par Pichegru, se replie ; en 1796, il parvient jusqu'à Nuremberg, se replie de nouveau, mais c'est la coopération de Moreau qui lui est refusée cette fois ; il est battu à Amberg et se démet alors de son commandement.

Député l'année suivante aux Cinq-Cents, il siège à l'extrême gauche et fait voter une loi sur la conscription qui restera en vigueur pendant vingt ans. Un bref entracte le remet à la tête d'une armée en 1799 ; il se fait battre à Stokach, en grande partie à cause du refus de Bernadotte de coopérer avec lui, puis retourne à la politique. Jacobin toujours aussi ardent, il s'oppose au 18-Brumaire ; le lendemain, il est inscrit sur la liste des Jacobins à déporter mais il en est rayé sur l'intervention de Fouché. Bonaparte tente de se le concilier, lui confie diverses sinécures, le nomme maréchal, mais ne lui confie aucun commandement important ; il songera à le nommer duc de Fleurus mais ne lui conférera finalement aucun titre de noblesse.

C'est Joseph Bonaparte, se piquant de libéralisme, qui réclame Jourdan comme chef d'état-major à Naples en 1806 ; Jourdan va suivre le roi Joseph de Naples à Madrid en 1808, et assumer pendant cinq ans la tâche désespérée de coordonner les actions des autres maréchaux, qui se détestent entre eux et le détestent tous. Avec des fortunes diverses quand il participe en personne au commandement : bataille indécise de Talavera, victoire d'Almonacid, mais défaite décisive de Vittoria. Il reste difficile de se faire une juste idée de la qualité de Jourdan comme chef de guerre ; presque toutes ses défaites sont dues pour beaucoup à la mauvaise volonté de ses collègues ou de ses subordonnés, mais on peut se demander si en lui quelque faiblesse du caractère ne favorisa pas la répétition par trop fréquente d'une telle conjoncture.

Et pourtant, le vainqueur de Wattignies et de Fleurus n'avait rien d'un tranche-montagne difficile à vivre. Ses dernières années seront même curieusement empreintes de modération ; il se rallie sans empressement aux Bourbons en 1814 ; sans plus d'empressement à Napoléon aux Cent-Jours ; chargé ensuite de présider le tribunal militaire qui aurait à juger Ney, il conclut à l'incompétence du tribunal ; personne ne semble lui en vouloir de rien. Louis XVIII lui donne le titre de comte que Napoléon ne lui avait pas octroyé ; Louis-Philippe fera du vieux Jacobin un gouverneur des Invalides.

— Jean MASSIN

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