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KLÉBER JEAN-BAPTISTE (1753-1800)

Né à Strasbourg, fils d'un maçon, Kléber se destine d'abord à l'architecture, suit à Paris les cours de Chalgrin, exerce sa profession à Besançon puis à Strasbourg. On le retrouve à l'École militaire de Munich. Il est ensuite sous-lieutenant dans l'armée autrichienne d'où il démissionne en 1785. Le revoici en Alsace comme inspecteur des bâtiments publics ; il y dirige notamment la construction de l'hôpital de Thann. En 1792, il s'engage comme volontaire ; en 1793, il se couvre déjà de gloire par sa défense de Mayence. Il est alors envoyé en Vendée avec ses « Mayençais » ; d'abord battu à Torfou, il prend sa revanche à Cholet ; de concert avec son ami Marceau, auquel il veut laisser le commandement nominal mais qu'il assiste de son expérience, il met fin à la « grande guerre » vendéenne par les victoires du Mans et de Savenay. De 1794 à 1796, il sert à l'armée de Sambre-et-Meuse comme principal lieutenant de Jourdan ; il est d'ailleurs le meilleur artisan des victoires de ce dernier, mais il s'entend mal avec son chef auquel il reproche ses indécisions. Curieusement d'ailleurs, comme en Vendée, il refuse tous les commandements en chef, intérimaires ou définitifs, qu'on lui offre, et finit par faire agréer en décembre 1796 une démission plusieurs fois réitérée. Il vit dès lors en simple particulier à Chaillot, ne ménageant pas ses critiques acerbes au régime directorial. Bonaparte vient l'y trouver et le décide à venir avec lui en Orient. C'est à lui qu'il laisse le commandement de l'armée d'Égypte en s'embarquant pour la France ; voici donc Kléber, pour la première fois et contre son gré, commandant en chef ; sa première réaction est curieuse : ni ambition ni déploiement d'activité, mais fureur à se juger berné et découragement ; il oblige Desaix, qui s'y opposait énergiquement, à négocier une convention d'évacuation de l'Égypte avec les Anglais ; et puis, quand il s'aperçoit que les Anglais ont l'intention d'en violer les clauses, il a un sursaut terrible et remporte une éclatante victoire à Héliopolis. Il doit alors faire face à une insurrection au Caire et il la réprime avec une dureté qui lui sera fatale : le jour même où Desaix, son ennemi intime, tombe sur le champ de bataille de Marengo, Kléber tombe sous le poignard du jeune musulman Soleyman.

Napoléon semble avoir assez bien compris le caractère difficile de ce héros toujours mécontent et passablement instable, aussi capable d'indolence et de doute sur lui-même que d'énergie et de génie ; il dira de lui à Sainte-Hélène : « Le vrai caractère perce toujours dans les grandes circonstances : il est des dormeurs dont le réveil est terrible. Kléber était d'habitude un endormi ; mais dans l'occasion, et toujours au besoin, il avait le réveil du lion. »

— Jean MASSIN

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    Coup de théâtre : Kléber, dont la capitulation à El-Arich n'a pas été reconnue par les Anglais, remporte la victoire d'Héliopolis. Pour sauver la conquête égyptienne à laquelle le consul – poursuivant son vieux rêve oriental – accorde une particulière importance, il ne faut plus discuter mais dicter...