LULLY JEAN-BAPTISTE (1632-1687)
L'avènement de la comédie-ballet
Vers 1660, Lulli a déjà atteint la notoriété. Favori du roi, riche, il se fait naturaliser et francise son nom en Lully. En 1664 commence la collaboration de Lully avec Molière, qui va donner le jour à neuf comédies-ballets (Le Mariage forcé, La Princesse d'Élide, 1664 ; L'Amour médecin, 1665 ; La Pastorale comique, 1667 ; Le Sicilien, 1667 ; George Dandin, 1668 ; Monsieur de Pourceaugnac, 1669 ; Les Amants magnifiques, 1670 ; Le Bourgeois gentilhomme, 1670). Cette production des « deux Baptiste », comme les appelle Mme de Sévigné, débouche sur la tragi-comédie-ballet Psyché (1671), qui constitue une œuvre charnière vers l'opéra.
Cette série d'œuvres représente un phénomène exceptionnel dans l'histoire du théâtre, par l'alliance de deux génies comiques complémentaires qui se sont entraidés et influencés l'un l'autre, tous deux passionnés par la comédie italienne et capables de paraître en scène : dans Le Bourgeois gentilhomme, par exemple, Molière interprétait M. Jourdain, face à Lully en Grand Muphti.
D'un point de vue strictement musical, les comédies-ballets présentent de multiples intérêts. D'abord, elles permettent à Lully – mieux que ne le faisaient les ballets – d'apprendre à insérer les airs chantés et dansés dans un tissu dramatique continu (Molière a été, en ce sens, son maître). Lully intègre dans les comédies de véritables séquences, pastorales (dans Georges Dandin, Le Bourgeois gentilhomme) ou bouffonnes (turquerie du Bourgeois gentilhomme). Par ailleurs, tous les styles vocaux apparaissent dans les comédies-ballets : dès La Princesse d'Élide, les premiers essais de récitatif sont déjà parfaitement constitués.
Une place à part doit être réservée aux Amants magnifiques (1670). Écrite sur un canevas proposé par le roi, cette œuvre prétend offrir toutes les formes de divertissement imaginables : les tons y sont en effet très divers, et on peut y découvrir de nombreuses tentatives qui se réaliseront pleinement dans l'opéra ; l'air d'Éole préfigure celui d'Alceste, l'air « Dormez, beaux yeux » fait le lien entre celui de l'Orfeo de Luigi Rossi et les nombreux « sommeils » qu'on trouvera, largement développés, dans Atys, Armide...
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Écrit par
- Philippe BEAUSSANT : directeur de l'Institut de musique et danse anciennes de l'Île-de-France, conseiller artistique du Centre de musique baroque de Versailles
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