MACHAULT D'ARNOUVILLE JEAN-BAPTISTE (1701-1794)
Issu d'une famille de magistrats, maître des requêtes en 1738, attaché à sa terre d'Arnouville (Seine-et-Oise), sans ambition, Machault d'Arnouville est porté par le comte d'Argenson à l'intendance de Hainaut en 1743. Remarqué à Valenciennes par Louis XV, il est nommé successeur d'Orry au Contrôle général des Finances en 1745, avec l'appui possible de Mme de Pompadour ou de d'Argenson. Machault, honnête, doué de discernement et d'un caractère ferme, trouve un service des Finances bien organisé et s'entoure de collaborateurs instruits. Il souhaite affermir la morale publique et concilier progrès des lumières et renforcement de l'autorité royale. Il est le dernier grand réformateur de la monarchie d'Ancien Régime.
Après la paix d'Aix-la-Chapelle, en 1748, Machault désire améliorer le système fiscal, donne à l'impôt une répartition plus équitable et consolide le crédit. Il est secondé par le chancelier d'Aguesseau, aidé par Mme de Pompadour. Résolu à s'attaquer aux privilèges, il commence par le clergé. L'édit de mainmorte en 1747, sans offenser la religion, ôte au clergé une faculté illimitée d'accroître ses richesses. Il veut faire concourir tous les citoyens dans une égale proportion aux charges de l'État et créer un impôt permanent sur tous les revenus sans exception ni abonnement, et dont le produit serait versé à une caisse d'amortissement destinée à contenir l'accroissement de la dette nationale. Il envisage, sans oser l'entreprendre, la suppression des ordres monastiques. Il remplace en 1749 l'impôt du dixième, instauré par Louis XIV pour financer la guerre, par celui du vingtième, illimité dans la durée, universel dans son extension, portant sur tous les genres de revenus, excepté les salaires et les rentes sur l'État. Il cumule alors les fonctions de grand trésorier du roi, ministre d'État (1749), garde des Sceaux (1750). En 1753, il fait promulguer l'édit sur la libre circulation des grains en France.
Les vives protestations du clergé, le premier touché par l'impôt du vingtième, celles des parlements et des pays d'états qui défendent leurs privilèges entraînent le refus de l'enregistrement et un début de révolte en Bretagne. Machault exige un inventaire détaillé de tous les biens du clergé, mais la Cour redoute les désordres religieux et le monarque négocie avec le clergé. Le comte d'Argenson dresse le roi contre les parlements alors que Machault temporise mais perd l'appui de Mme de Pompadour. Il doit abandonner les Finances en 1754 pour le ministère de la Marine où, pendant trois ans, il se montre aussi habile qu'actif contre l'Angleterre. Sa disgrâce suit la reprise d'influence de Mme de Pompadour après l'attentat de Damiens. Il se retire au château d'Arnouville jusqu'à la Révolution. Il avait acquis la réputation d'un homme « habile, austère et religieux » dans les rapports d'administration. Arrêté comme suspect dans sa retraite de Rouen, emprisonné aux Madelonnettes, il y meurt peu après.
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Écrit par
- Louis TRENARD : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lille
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