MASSILLON JEAN-BAPTISTE (1663-1742)
Oratorien, évêque de Clermont et grand prédicateur dès la fin du xviie siècle, Jean-Baptiste Massillon, né à Hyères, fit ses études à Marseille dans une des premières et des plus importantes maisons de l'Oratoire ; en 1681, il entra comme novice dans cette congrégation à Aix-en-Provence, puis alla étudier la théologie à Arles. Ne se croyant pas fait pour la prédication, il demanda à enseigner les belles-lettres et devint professeur à Pézenas, puis à Montbrison, à Vienne et à Lyon. Il semble qu'il ait hésité longtemps sur sa vocation ecclésiastique, car, entré à l'Oratoire à dix-huit ans, il ne fut ordonné prêtre qu'à près de trente ans. D'autre part, même après avoir connu le succès avec ses deux premières Oraisons funèbres, celle de M. de Villars, archevêque de Vienne, en 1691, et celle de M. de Villeroy, archevêque de Lyon, en 1693, il se retira au monastère cistercien de Sept-Fons en Bourbonnais et resta tourmenté sur sa voie pendant un certain nombre d'années. Il fallut les instances du cardinal de Noailles et du père de La Tour, supérieur de l'Oratoire, auprès de l'abbé de Sept-Fons pour le faire sortir du couvent. En 1696, il vint à Paris comme directeur de Saint-Magloire, sorte de séminaire fondé au faubourg Saint-Jacques par Bérulle. Il fit là quelques conférences, qui, véritables mercuriales à l'intention des prêtres, permirent de mieux le connaître (sur La Fuite du monde, L'Ambition des clercs, La Communion, La Pratique du zèle, L'Avarice des clercs). En 1698, le roi l'envoya comme missionnaire à Montpellier, où Bourdaloue venait de prêcher ; Massillon réussit à soutenir la comparaison avec son illustre prédécesseur. En 1698, on lui demanda de prêcher à l'Oratoire de la rue Saint-Honoré. L'année suivante, il assura, à la demande du roi, la prédication de l'Avent à Versailles. Il y prêcha aussi les carêmes de 1701 et de 1704.
Devenu officiellement prédicateur de la cour, Massillon prononça, en 1709, l'oraison funèbre du prince de Conti, en 1710 celle du Dauphin et, en 1715, celle de Louis XIV lui-même, lequel lui préférait Bourdaloue. Cette oraison débutait par le mot célèbre : « Dieu seul est grand, mes frères [...]. » En 1717, le Régent nomma Massillon évêque de Clermont. Ce dernier fit alors, devant le jeune roi Louis XV, une série de sermons sur les devoirs des grands ; ils furent rassemblés sous le nom de Petit Carême et bientôt considérés comme un des modèles de l'éloquence française. En 1719, l'orateur fut reçu à l'Académie française. Dès lors, il évita plus que jamais le monde et les salons, restant pendant plus de vingt ans à la tête de son diocèse où il se retirait souvent dans sa maison de campagne de Beauregard-l'Evêque, près de Clermont. Il mourut dans cette retraite, léguant tous ses biens à l'hôtel-Dieu de sa ville épiscopale. La plupart de ses sermons, inédits de son vivant, furent publiés par son neveu, Joseph Massillon, en 1745-1748.
C'est plus pour son Avent de 1699 que pour son Petit Carême de 1717, d'allure trop cicéronienne, que les critiques, notamment Voltaire qui admirait fort ce dernier, apprécient Massillon. Mais, dans l'ensemble de ses sermons, l'orateur témoigne de grandes qualités de moraliste et de peintre des attitudes de l'esprit. Moins théologien que Bossuet, moins entraînant et moins vif que Bourdaloue, il garde un débit simple, mais connaît le pouvoir d'un mot mis à sa place et se tient par une sorte de fidélité au langage, dans le souci d'une forme très châtiée. Un tel genre exige que le sermon soit appris par cœur, ce qui valut à Massillon, un jour de 1706 où il prêchait chez les jésuites de Saint-Paul-Saint-Louis, de voir certains de ses auditeurs suivre sur des feuilles le mot à mot de son propre texte qu'on lui avait dérobé et fait imprimer furtivement[...]
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Écrit par
- Louise LAMBRICHS : maître en philosophie
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