NINI JEAN-BAPTISTE (1717-1786)
Le séjour madrilène : Nini graveur sur verre
Après son séjour bolonais, Nini émigre en Espagne où sa présence est attestée en 1747, après un court passage à Vérone où il réalise le portrait de son hôte Pier Antonio Serpini, négociant en soie et grand collectionneur de dessins et d'estampes. Les échanges culturels entre Bologne et Madrid s'étaient accrus depuis le xive siècle avec la création du Collège d'Espagne à Bologne. Nini signe en 1747, de Madrid, un très bel abécédaire gravé, illustré de paysages, conservé à la Bibliothèque nationale de France. Son passage au service du chapelain de l'infant don Felipe et son habileté de graveur et de sculpteur lui valent d'entrer à la Manufacture royale de cristal de Madrid, où il apprend le métier de graveur sur cristal sous la direction de Carlos Munier. Il devient maître dans cette discipline en 1750 et prend la place de Munier comme chef de l'atelier de gravure. La même année, il se marie avec une jeune Espagnole, Isidora Lauros. Une fille, Agathe, naît de cette union.
André Storelli rapporte dans son ouvrage que les gravures sur verre de Nini sont comparables, en virtuosité, à l'art d'un Jacques Callot. Nous ne pouvons malheureusement pas en juger car aucun verre gravé par Nini n'est parvenu jusqu'à nous. Alfred Villers, conservateur du château de Blois et son premier biographe, mentionne comme sujet d'un des verres gravés par Nini à Chaumont une composition d'après une estampe de Boucher : « Une belle fille endormie qu'un homme cherche à réveiller en lui passant les barbes d'une plume sur les lèvres. » Il s'agit du Sommeil interrompu gravé par Nicolas Dauphin de Beauvais. Villers donne aussi la description du verre à boire de Nini. L'artiste y avait gravé une chasse royale où le roi, à cheval, suivi de la cour, quittait le château de Versailles avec sa meute, pour traquer le cerf.
En 1755, l'arrestation de Nini pour crime d'hérésie clôt son séjour espagnol. Jugé et emprisonné pendant deux ans, il est expulsé du pays après confiscation de tous ses biens.
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Écrit par
- Marie-Cécile FOREST : conservateur au château de Blois
- Barbara SIBILLE-PUCCINI : attachée de conservation du patrimoine, responsable de la documentation, château de Blois
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