PERGOLÈSE JEAN-BAPTISTE (1710-1736)
Une œuvre lyrique
L'essentiel de l'œuvre de Pergolèse est néanmoins vocal. Parmi ses grands opéras, il faut citer Il Prigionier superbo (1733) contenant le fameux intermezzo, La Serva Padrona (La Servante maîtresse), Adriano in Siria (1736) – l'intermezzo Livietta e Tracollo en fait partie, plus connu sous le titre ultérieur de La Contadina astuta – et surtout L'Olimpiade (1735), qui n'a pas dû faire l'unanimité lors de sa présentation, car si le président De Brosses parle des « applaudissements que lui attira l'excellent opéra L'Olimpiade », André Grétry parle de tomates lancées au compositeur. Cela se comprend fort bien, car cette œuvre occupe une place unique dans l'art lyrique du xviiie siècle : Pergolèse y a réussi, probablement en vertu des contraintes imposées par une distribution de second plan, des mélodies d'une simplicité et d'une vérité évoquant le lied et les plus belles inspirations de Mozart, ce qui devait désorienter les spectateurs habituels de l'opera seria de son époque.
Les comédies musicales et les nombreuses arias sont moins importantes ; il faut retenir pourtant Lo Frate 'nnamorato (1732), dont le succès justifia plusieurs arrangements successifs du compositeur.
En musique sacrée, les deux grandes messes (en ré et en fa), les psaumes des vêpres mentionnées plus haut, un admirable Laudate pueri, qui date probablement de la fin de sa vie, comme l'un des motets à la Vierge, Salve Regina, comptent parmi les chefs-d'œuvre de la musique d'église concertante à l'orée de l'ère classique. Les qualités éminentes de ces œuvres se trouvent concentrées dans le célèbre Stabat Mater en fa mineur pour deux voix de femmes, orchestre à cordes et orgue : une extraordinaire perfection formelle de la ligne mélodique au service d'un sentiment particulièrement intense, toujours inspiré par le texte, et qui n'est pas sans rappeler la spiritualité la plus « humaine » du Moyen Âge, symbolisée par les écrits de Bernard de Clairvaux.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Carl de NYS : musicologue, écrivain, producteur d'émissions de radio et de télévision, directeur artistique d'édition de disques, membre de la Société française de musicologie, de la Bach Gesellschaft, de la Deutsche Mozart Gesellschaft
Classification
Média
Autres références
-
STABAT MATER (J.-B. Pergolèse)
- Écrit par Juliette GARRIGUES
- 214 mots
Deux Stabat mater dominent la musique sacrée italienne de la première moitié du xviiie siècle : celui d'Alessandro Scarlatti, composé vraisemblablement au tout début de ce siècle, et celui de Jean-Baptiste Pergolèse, achevé en 1736. Ces deux œuvres offrent d'évidentes similitudes dans...
-
OPÉRA - Le renouveau de l'opéra baroque
- Écrit par Ivan A. ALEXANDRE
- 11 918 mots
- 3 médias
...ne surgissent évidemment pas du néant. Il y eut un avant-1925. Une poignée d'ouvrages populaires s'était maintenue au répertoire. La serva padrona de Jean-Baptiste Pergolèse (Naples, 1733), intermède le plus fameux et le plus imité au cours du xviiie siècle, courut l'Europe de Vienne à Barcelone,... -
Stabat Mater, PERGOLÈSE (Jean-Baptiste)
- Écrit par Alain FÉRON
- 597 mots
Une santé fragile, une vie brève. Mais Pergolèse a donné à la musique quelques-uns de ses chefs-d'œuvre : l'opéra-bouffe La Servante maîtresse, créé à Naples en 1733, et qui sera à l'origine, lors de sa création à Paris, en 1752, de la querelle des Bouffons ; la Messe en... -
STRAVINSKI IGOR FEODOROVITCH - (repères chronologiques)
- Écrit par Alain PÂRIS
- 1 182 mots
5 juin (ancien style)-17 juin (nouveau style) 1882 Igor Feodorovitch Stravinski (ou Stravinsky) naît à Oranienbaum, près de Saint-Pétersbourg. Son père, Feodor Ignatievitch Stravinski, est chanteur au théâtre Mariinski.
25 juin 1910 L'Oiseau de feu, « conte dansé en deux tableaux d'après...