SÉNAC JEAN-BAPTISTE (1693-1770)
Jean-Baptiste Sénac est un chimiste et médecin français dont le Traité de la structure du cœur, de son action et de ses maladies (1749) lui valut d’être reconnu comme un des précurseurs de la cardiologie. Il figure notamment parmi les fondateurs de cette discipline sur la fresque de Diego Rivera à l’entrée de l’Institut de cardiologie de Mexico.
De père avocat au parlement de Toulouse et de mère issue d’une famille de notaires, Jean-Baptiste Sénac naît en 1693 à Lombez, en Gascogne, dans une famille protestante. Ses années de formation sont assez mal connues : peut-être des études de théologie à Auch chez les jésuites, peut-être un apprentissage du métier de chirurgien, assurément des études de médecine à Leyde en Hollande puis à Londres, où il est élève du newtonien John Freind. Il occupe ensuite différents postes de médecin en France, avant de s’installer en 1723 à Paris. Il est alors nommé assistant d’anatomie à l’Académie des sciences et publie un Nouveau cours de chymie, suivant les principes de Newton et de Stahl (1723).
Cet ouvrage - qui « nous apporta le stahlianisme, et fit la même révolution, dans notre chimie, que les réflexions sur l'attraction que publia M. Maupertuis [...] ont opéré dans notre physique, en nous faisant recevoir le newtonianisme » (Gabriel François Venel, in Encyclopédie méthodique de chimie, 1796) – permit notamment de mieux faire connaître les idées de Georg Ernst Stahl sur la théorie du phlogistique. Cependant, il est loin d’être certain que Sénac soit l'auteur de ce livre, qui serait en fait un recueil commenté des conférences d’Étienne-François Geoffroy et de Gilles-François Boulduc.
En 1724, Sénac publie la traduction annotée de L’Anatomie d’Heister avec des essais de physique sur l’usage des parties du corps humain et sur le mécanisme de leurs mouvements, texte clairement mécaniciste.
En 1733, Sénac devient médecin de la Maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr et de l'hôpital royal de la Charité de Versailles, puis médecin consultant du roi (1738). En 1745, il guérit le maréchal Maurice de Saxe d’une affection du péricarde, le suit dans ses campagnes et l'assiste lors de sa mort à Chambord en 1750. Il est alors nommé premier médecin du duc d'Orléans puis, à la mort de Chicoyneau (1752), premier médecin du roi Louis XV : il soigne le dauphin de sa variole et madame de Pompadour ; il est au côté du roi lors de l'attentat de Damiens (1757).
Conseiller d’État, Sénac occupe différents postes plus administratifs, ainsi la surintendance des eaux minérales du royaume ou la censure des ouvrages scientifiques. Il est également capitoul de Toulouse.
En dépit de ces responsabilités si diverses, Sénac a toujours poursuivi une activité médicale. À un moment où « prendre le pouls » est la seule manière de « sentir » le fonctionnement du cœur, Sénac combine ce type d’observation à l’étude anatomique des lésions du cœur et celle des signes cliniques qui leur sont associés. Il dégage les signes fonctionnels liés aux affections du cœur, en particulier l’œdème des jambes, l’arythmie, l’asthénie et l’insuffisance pulmonaire. L’ensemble de ses observations et commentaires est assemblé dans le Traité de la structure du cœur... Dans les quatre parties de l’ouvrage (Structure du cœur, Usage et action du cœur, Circulation du sang, Maladies du cœur), il apparaît comme un surprenant précurseur en pathologie et en thérapeutique. Avant et après la rédaction de cet ouvrage qui fonde la cardiologie moderne, il publie de nombreuses observations médicales dont le Traité des causes, des accidents et de la cure de la peste (1744).
Jean-Baptiste Sénac meurt à Versailles le 20 décembre 1770.
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Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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