TUBY JEAN-BAPTISTE, dit LE ROMAIN (1635 env.-1700)
S'il est un artiste qui ne mérite pas d'être confondu, comme on le fait souvent, dans l'anonymat de l'équipe de Versailles, c'est bien Tuby, doué d'un tempérament artistique très vigoureux et qui apporte en France un reflet du baroque berninien, tempéré par le souci de classicisme des maîtres de Versailles.
De la première carrière de cet Italien originaire de Rome ou des environs, nous ne savons rien. C'est un artiste confirmé qui s'installe avant 1663 aux Gobelins, sous la direction de Charles Le Brun, puisque dès 1663 il entre à l'Académie royale. En 1672 il est naturalisé, et le i de son nom se transforme en y. Toute sa carrière extraordinairement féconde se développe au service du roi, et quand il lui arrive de travailler pour des particuliers, ce sont de grands serviteurs de la Couronne.
Dans le monument de Colbert, il assiste Coysevox et sculpte une Pietà repliée sur sa douleur dans la masse de ses voiles (Saint-Eustache) et pour le tombeau de Mazarin au collège des Quatre-Nations, toujours en collaboration avec Coysevox, une magnifique statue de La Paix coulée en bronze. C'est lui qui a le premier rôle dans le mausolée de Turenne (avec Marsy), jadis à Saint-Denis et aujourd'hui aux Invalides. À Versailles, ses premières œuvres montrent par leur importance l'estime dans laquelle il était tenu : les exquises statues de Galatée et d'Acis, pour la grotte de Téthys (aujourd'hui au bosquet des Dômes), le superbe groupe en plomb d'Apollon sur son char surgissant des flots au bassin d'Apollon, le bassin du Printemps, les magnifiques statues couchées du Rhône et de La Saône au Parterre d'eau, deux des plus belles de ce prestigieux ensemble. À l'entrée de l'allée Royale se dresse toujours son excellente copie d'après l'antique Laocoon et, devant le château, le monumental vase de la Paix (1684) aux flancs décorés de subtils bas-reliefs.
Tuby illustre dans le domaine de la sculpture l'apport italien à Versailles, qui allie à un baroque maîtrisé une profonde intimité avec la statuaire antique.
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Écrit par
- François SOUCHAL : professeur à l'université de Lille
Classification
Média