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WILLERMOZ JEAN-BAPTISTE (1730-1824)

Disciple de Martines de Pasqually et lui-même personnage important dans l'histoire de la maçonnerie. Lyonnais, issu de famille franc-comtoise, Jean-Baptiste Willermoz exerce le métier de soyeux ; vite installé à son compte, il dirige une affaire prospère. Dès l'âge de vingt ans, il se passionne pour la franc-maçonnerie. En 1753, Willermoz fonde la loge de la Parfaite Amitié, puis joue en 1760 un grand rôle dans la formation de la grande loge des Maîtres réguliers de Lyon, dont il devient le grand maître. Avec son frère Pierre-Jacques, médecin influencé personnellement par l'alchimiste dom Pernety, il fonde en 1763 le chapitre rosicrucien des chevaliers de l'Aigle noir Rose-Croix. C'est Bacon de La Chevalerie qui le met en rapport avec Martines de Pasqually, à Versailles (1767), où il reçoit l'initiation aux premiers degrés de l'ordre des Élus-Cohens. La même année, il représente Martines à la province de Lyon. Initié Rose-Croix en 1768, Willermoz va se lier d'amitié avec un autre élu-cohen, Louis Claude de Saint-Martin, avec lequel il entretient une active correspondance à partir de 1771. Saint-Martin vient le voir à Lyon en 1773 — c'est entre les deux hommes la première rencontre — et demeure chez lui pendant plus d'une année. Fortement impressionné, de même que Saint-Martin, par l'enseignement théosophique et théurgique de Martines, Willermoz va consacrer sa vie au martinésisme. Sur le plan théurgique, il lui faudra attendre de nombreuses années avant d'obtenir des manifestations de l'invisible ; de plus, il se voit dans l'obligation, après 1769, de contribuer à pensionner Martines. Mais il restera toujours attaché à son maître, même après la mort de celui-ci.

Quand Martines quitte la France pour se rendre à Saint-Domingue (6 mai 1772), les cohens lyonnais, un peu désemparés, se réunissent fréquemment pour s'entretenir de l'enseignement qui leur a été prodigué, pour l'approfondir et en éclaircir certains points obscurs. Willermoz a ainsi laissé un volumineux cahier manuscrit : Instructions aux élus-cohens, appelé encore Conférences de Lyon, recueil de notes intéressantes qui permettent de mieux comprendre cette théosophie et qui sont datées de 1774 à 1777. Une telle initiative ne ressemble guère à une trahison. N'en est-ce pas une, en revanche, que de donner à l'enseignement cohen une dimension maçonniquement œcuménique ? Car c'est bien à cela que Willermoz va s'employer.

Martines avait entendu fonder une société ésotérique indépendante, exclusive, non pas un rite maçonnique proprement dit destiné à englober le plus grand nombre possible de loges. Il n'avait pas recherché l'alliance des systèmes écossais, pourtant florissants ; il n'avait élaboré aucun scénario relatif à la manière dont ses connaissances seraient parvenues jusqu'à lui, contrairement à ce qu'on trouve dans tout rituel maçonnique de cette inspiration. Mais Willermoz aspirait à une place de choix dans la maçonnerie ésotérique, et il parvint à créer un système maçonnique dont tout l'enseignement symbolique ne fait qu'illustrer la théosophie martinésiste : c'est le rite écossais rectifié, reconnu au convent de Wilhelmsbad (1782) et encore pratiqué aujourd'hui par de nombreux maçons.

Esprit formaliste, plus capable de juger des faits que des idées, Willermoz ne fut pas dépourvu de vanité ni d'ambition. Toutefois, on peut dire qu'il atteignit une assez haute spiritualité et que sa largeur de vues était peu commune. Il se montra doué autant pour la méditation et l'illumination intérieure que pour l'organisation ou l'administration. La Révolution a failli être fatale à son œuvre ; mais on le considère toujours comme l'un des plus grands personnages de l'histoire maçonnique. Le symbolisme du Temple de Salomon,[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section), professeur à l'université de Bordeaux-III

Classification

Autres références

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